C’est à Saint-Sulpice-de-Faleyrens, à deux pas de Libourne, que se dresse dans les vignes le plus remarquable menhir du Sud-Ouest. Remarquable, celui-ci l’est autant par ses mensurations (haut de 5,20 m, large de 3, il pèserait plus de 50 tonnes) que par son élégante silhouette. Sa partie inférieure est en effet resserrée, ce qui lui donne un profil original, élancé et gracieux.

Erigé au Néolithique, sans doute vers 3 000 av. J.-C., il est connu depuis le Moyen-Âge, sous le nom de « Petra fixa » (de petra ficta en latin, ou « pierre dressée dans le sol »), ce qui a donné son nom actuel de Pierrefitte. Si sa fonction initiale reste inconnue, il est rapidement devenu un lieu de culte, comme en témoigne la niche à offrande qui a été creusée sur l’une de ses faces à l’époque médiévale. Une tradition veut même que ce mégalithe ait été abandonné sur place par la Vierge Marie en personne, alors qu’elle se rendait à l’abbaye de la Sauve-Majeure, où elle comptait se servir du menhir pour fournir la pierre d’un clocher.

 

©Pecold / Shutterstock.com

 

En fait, plus prosaïquement, le calcaire dont il est fait provient d’un coteau de Saint-Emilion, à quelques kilomètres de là… En outre, comme souvent, la religion et la superstition sont étroitement liées. Ici, la vénérable « pierre fichée », a longtemps été réputée pour ses vertus médicales, son contact permettant de guérir les boitements et autres rhumatismes. Mais les pratiques associées à cette croyance n’ont pas résisté à l’ère de la Raison : elles sont tombées en désuétude à la fin du XVIIIe siècle.