Une villa d’exception
Cette villa d’exception, c’est l’écrivain lui-même qui l’a imaginée et même dessinée. Arnaga Etxea. Du nom du ruisseau qui coule à proximité, Arraga. L’homme a découvert Cambo lors d’un séjour de convalescence dans la station thermale loin de la capitale. Et c’est un coup de cœur qui, au-delà de la littérature, l’a poussé à faire naître sur ce paisible plateau un chef-d’œuvre de pierre et de verdure. (Son propre père avait fait bâtir une villa pour sa famille à Bagnères-de-Luchon, en Haute-Garonne, où le jeune Edmond se rendait depuis Marseille au moment des vacances.) Édifiée dans le style néo-basque au tout début du XXe siècle par l’architecte Joseph-Albert Tournaire, fière de ses traits labourdins avec sa façade blanche et ses pans de bois rouge, la superbe bâtisse est aujourd’hui classée Monument historique.
Au cœur de la villa
Si dès l’entrée un quatrain gravé au-dessus de la porte (inspiré d’un poème de la Renaissance, comme au château de Dampierre-sur-Boutonne en Charente-Maritime) fait abandonner toute éventuelle médisance, l’intérieur de la villa dévoile le faste d’un très grand nombre de pièces raffinées au confort moderne avec mobilier, objets et œuvres d’artistes de renom. Boiseries et autres matériaux toujours de belle qualité, peintures et décorations luxueuses ont été pensées et choisies par Edmond Rostand et son épouse la poétesse Rosemonde Gérard comme des décors de théâtre, et mêlent différents styles où semblent revivre les hôtes de la Belle Époque.
Grand hall à l’anglaise avec larges baies donnant sur le jardin, salle à manger royale, bureau de style Empire, office orné de beaux carreaux de céramique, studio des enfants joliment illustré de scènes de chansons traditionnelles, petit salon rond (dit salon chinois) avec ses panneaux laqués, bibliothèque dotée d’une galerie (avec, parmi un nombre infini de livres, le fameux César reçu par Gérard Depardieu pour son interprétation dans le Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau), grand escalier à la rampe de fer forgé (d’abord en pierre avec balustrades), chambres également de toute beauté à l’étage, salle de bains, garde-robe, salon bleu, boudoir de Rosemonde illustré d’une longue fresque représentant des scènes de contes, appartements d’Edmond Rostand, salle d’hydrothérapie…
Les jardins
Profitez ensuite du magnifique parc de la villa (dès la terrasse et même depuis l’intérieur de la maison à travers les nombreuses fenêtres !) : majestueux jardins à la française donnant au site des airs de petit Versailles avec massifs de fleurs bordés de buis taillés, miroir d’eau, gazons et allées, treillage de bois en arcades du coin des poètes, orangerie, canal débouchant sur un large bassin à jets d’eau, grande pergola à colonnade (un peu comme la gloriette du château autrichien de Schönbrunn ?) avec belle perspective sur les montagnes, discret jardin à l’anglaise propice à la rêverie… Quand vous déambulerez sur les lieux, n’oubliez pas de regarder comme la demeure se reflète dans l’eau du bassin. Et de partir en quête de la jolie phrase du cadran solaire de l’autre côté de la maison, qui se retrouve sous une autre forme dans un des poèmes de Rosemonde.
