Imaginez : un chenal au cœur des marais, bordé de cabanes ostréicoles en bois ornées de roses trémières, de pontons à l’allure fragile encombrés de filets et de casiers de pêche, et de petits chalands jonchés de coquilles d’huîtres. Vous voici au port de La Tremblade, sur la rive gauche de l’estuaire de la Seudre, l’un des principaux centres ostréicoles du bassin de Marennes-Oléron. Embarquement immédiat pour une balade gourmande et iodée, au gré des marées.

Que vous soyez ou non mordu de fruits de mer, le port de la Grève, en Charente-Maritime, mérite à lui seul un détour par La Tremblade. Entre Marennes et Royan, c’est un véritable village qui borde le chenal long de 2 km. Avec ses cabanes multicolores qui lui confèrent un charme fou, ce petit port typique fait le bonheur des promeneurs et des gourmands. Car avant de régaler les yeux avec son petit côté « carte postale », la Grève est avant tout l’un des principaux ports du bassin de Marennes-Oléron, premier producteur d’huîtres d’Europe. Une centaine d’exploitations élèvent ici les fameuses huîtres vertes de Marennes, affinées en « claires » dans les marais alentour. Trois à quatre ans de travail sont nécessaires pour amener une huître à maturité.

 

Avant l’huître : le sel

Et si ce coquillage est roi à La Tremblade, c’est avec un autre trésor de la mer que le port de la Grève, ou plutôt le port de Trembledam comme on l’appelait autrefois, s’est fait connaître au Moyen-Âge. Situé au cœur de marais salants parmi les plus prospères du royaume de France, il est alors l’une des plaques tournantes du commerce de sel en Saintonge. Il faut attendre le Second Empire pour voir se développer les activités ostréicoles de La Tremblade, qui vont bénéficier du prolongement de la ligne de chemin de fer de Saujon jusqu’au port de la Grève en 1875.

Aujourd’hui, on peut acheter des huîtres directement dans les cabanes du port, qui servent toujours aux opérations de détroquage (action de séparer les huîtres les unes des autres en les décollant au couteau) et de tri. Certaines d’entre elles côtoient des installations plus modernes qui abritent les activités de préparation, conditionnement et expédition des huîtres, mais aussi des restaurants, où l’on peut déguster du poisson, ainsi qu’une autre spécialité trembladaise : l’éclade de moules !

 

Spot ornithologique

Ainsi, sur le chenal à marée haute, les petits chalands ostréicoles, appelés « les plates », côtoient d’autres embarcations de pêcheurs, les « coureauleurs ». Un va-et-vient incessant qui ne saurait perturber un autre ballet, plus aérien : celui des nombreux oiseaux qui nichent dans les marais et vasières alentour.

Ici, hérons, goélands, aigrettes et chevaliers cohabitent en toute harmonie dans ce véritable réservoir de vie. Et si vous suivez leur envol, nul doute qu’ils vous conduiront jusqu’à l’estuaire, au bout du chenal. Là, vous trouverez une jetée en dur, point de départ de l’ancien bac qui reliait La Tremblade et Marennes, avant la construction de l’impressionnant pont de la Seudre. Aujourd’hui, l’embarcadère propose des croisières pour découvrir le bassin, ainsi qu’une traversée vers l’île d’Aix.

Mais avant de vous échapper vers l’une des nombreuses autres destinations pleines de charme de la Charente-Maritime, il est un spectacle auquel tout visiteur se doit d’assister à La Tremblade : l’illumination des cabanes de la Grève. Ainsi, après avoir admiré la couleur dorée que donne le coucher du soleil aux reflets de l’eau, vous pourrez découvrir le port sous un autre aspect à la nuit tombée. Une chose est sûre, le petit port ostréicole de La Tremblade, charmant et authentique, ravit autant les yeux que le palais.