Ainsi naquit la Touraine
La Touraine doit son nom aux Turones, une tribu gauloise qui peuplait la région avant la conquête romaine. Au Ie siècle, sur une plaine alluviale entre Loire et Cher, est fondée la cité de Caesarodunum (la colline de César) qui devient la cité Turone au IVe siècle et plus tard, par compression, la cité de Tours. À l’orée de l’an mil, le comté féodal de Tours devient le théâtre d’une lutte sans merci entre deux grandes maisons : le comté d’Anjou à l’ouest et le comté de Blois à l’est. Particulièrement colérique, Foulques III Nerra, le guerrier bâtisseur, n’en finit plus de construire des places fortes en Touraine pour tenir à distance son cousin Eudes, le comte de Blois. L’issue de cette guerre sera bien vite profitable à la maison d’Anjou qui annexe bientôt le comté de Tours.
L’expansion de l’empire Plantagenêt fait par la suite de Tours un comté anglais jusqu’à sa confiscation par Philippe-Auguste en 1204. La Touraine devient alors une province du royaume de France. Érigée en duché à partir de 1312, elle attire bien vite sur ses terres les grands rois de la dynastie Valois, à l’image de Charles VII qui recevra Jeanne d’Arc à Chinon et à Loches, de Louis XI qui réside dans son château de Plessis-lès-Tours et de François Ier, très attaché au Château Royal d’Amboise. Si les Guerres de Religion annoncent le retour du pouvoir à Paris, la province restera marquée par le faste de ces grands siècles où le cœur de la France battait en Touraine.
Quand la Touraine devient l’Indre-et-Loire
En 1790, la province de Touraine disparaît au profit du département d’Indre-et-Loire. Comme la plupart des 82 autres départements français de l’époque, son nom est créé d’après des critères géographiques, plus particulièrement en associant les noms de deux grands cours d’eau qui la traversent. L’Indre-et-Loire conserve presque exactement les frontières de l’ancienne province auxquelles sont cependant ajoutées les communes de la Touraine Angevine à l’Ouest (de Bourgueil à Château-la-Vallière) et la ville de Richelieu, qui dépendait depuis sa création du gouverneur de Saumur. Une partie de l’ancien territoire est cependant dispatché entre plusieurs départements : la Roche-Posay au sud-ouest intègre la Vienne et Montrichard à l’est, le Loir-et-Cher. Châtillon-sur-Indre, Mézières-en-Brenne et leurs environs sont pour leur part rattachés au département de l’Indre. C’est ainsi que l’Indre-et-Loire devint le département que nous connaissons aujourd’hui.
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« Touraine », un nom qui fédère
En 2013, une réforme territoriale annonce la fin des Conseils Généraux au profit des Conseils Départementaux. Un vocabulaire plus simple qui doit permettre une meilleure visibilité des collectivités. Premier effet de cette réforme : le Conseil Général d’Indre-et-Loire devient « Touraine, le Département ». Un choix qui s’explique par la volonté d’employer une sémantique mieux compréhensible pour le public, et bien moins administrative. Car définitivement, la dénomination « Touraine », comme «l’Anjou » pour le Maine-et-Loire, a traversé les siècles et est devenue une véritable image de marque.
France Bleu Touraine, la CCI Touraine, la Touraine Loire Valley, les AOC Touraine, jusqu’au nom de notre Parc Naturel Régional, Loire-Anjou-Touraine, nombreuses sont les références à l’ancienne province française. Un fort ancrage historique qui explique sûrement que le nom soit aujourd’hui couramment employé par les habitants du département eux-mêmes. Cette adhésion de tout un territoire offre à la Touraine une visibilité nationale, tant géographique qu’identitaire. Et si certains préfèrent la dénomination administrative à la province historique, il y a un sujet qui devrait mettre tous les habitants du département d’accord : il est quand même bien plus agréable d’être appelé tourangeaux qu’indroligériens… non ?