Le quartier Saint-Leu est créé au Moyen Âge, lorsqu’Amiens s’agrandit vers le nord par l’aménagement de quais sur les rives des canaux et bras de la Somme. À cette époque, l’eau et les moulins fournissaient l’énergie nécessaire aux tisserands, teinturiers et tanneurs venus occuper le quartier. Les moulins Passe-avant et Passe-arrière sont les témoins de cette époque où près de vingt-cinq moulins étaient en activité à Saint-Leu. Ils étaient utilisés entre autres pour moudre le blé, écraser les feuilles de waide servant au célèbre pigment bleu d’Amiens, broyer les écorces, fouler les tissus.
Après la reconstruction de la cathédrale, l’Hôtel-Dieu est transféré le long de la chaussée aux bleds, actuelle rue Saint-Leu. À la fin du XVe siècle, le quartier accueille l’industrie de la sayetterie, chassée d’Arras sur décision du roi Louis XI. La population ouvrière habite le quartier dans des maisons de torchis jusqu’à la fin du XXe siècle.
La quartier pendant le XXe siècle
En 1804, une école de santé est créée à l’Hôtel-Dieu. Le bombardement d’Amiens du 19 mai 1940 met un terme à son activité. En 1958, le collège scientifique universitaire (CSU) s’implante dans le quartier. Il devient l’UFR de sciences exactes et naturelles en 1969. Dans les années 1970, le Centre régional de documentation pédagogique de l’académie d’Amiens est construit à proximité des locaux universitaires, rue Saint-Leu.
Le pôle scientifique Saint-Leu de l’université de Picardie Jules-Verne rassemble l’UFR de mathématiques et d’informatique et l’UFR de sciences. Des laboratoires de recherches remplacent d’anciens bâtiments industriels.
Au cours des années 1990, les UFR de droit et de sciences économiques prennent place dans des locaux neufs de la rue Vanmarke, au pied de la cathédrale. Depuis 2018, un pôle humanités (lettres, langues, histoire-géographie, ESPE, bibliothèque universitaire) a été implanté à la citadelle, accessible par la rue Saint-Leu. La vocation universitaire du quartier est ainsi affirmée. Il est aujourd’hui très fréquenté par les étudiants.
L’aménagement du quartier
Situé en contrebas de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens, le quartier se scinde en plusieurs zones. Un axe routier est-ouest (rue des Francs Muriers, rue Vanmarcke, place Parmentier) le sépare en deux espaces, liés par la place du Don et le pont de la Dodane. À l’est, le quartier est délimité par les boulevards intérieurs et à l’ouest par la rue du Marc Lanselles ainsi que la Grande Rue de la Veillère.
Très vivant, le quartier offre toute l’année de nombreuses animations, des concerts et des représentations théâtrales. Chaque année au mois de juin, le festival La rue est à Amiens fait revivre le marché sur l’eau comme jadis. Les maraîchers des Hortillonnages arrivent à quai en tenue traditionnelle, leurs barques à cornet chargées de fruits et légumes. Le premier week-end de septembre, le festival des Médiévales au bord de l’eau fait la part belle au Moyen-Âge, invitant à en découvrir la vie quotidienne, les coutumes et les métiers sur des campements d’époque.
La vie du quartier
Une riche programmation culturelle est proposée par le Ciné Saint-Leu, la salle de concert Lune des Pirates, la Maison du Théâtre et le Théâtre de Marionnettes Chés Cabotans d’Amiens. Ce dernier est installé dans une ancienne usine de tissage et témoigne de la grande tradition des marionnettes à Amiens. Les marionnettes à tringles et à fils, appelées les « cabotins » en picard, sont un symbole de l’âme du quartier qui a compté jusqu’à dix-neuf théâtres de marionnettes. Leur héros Lafleur est né vers 1811 à Saint-Leu. Une statue de ce personnage trône sur la place Aristide Briand.
Le quartier Saint-Leu jouit d’une grande animation, tout particulièrement sur la place du Don, la rue des Bondes, la rue du Hocquet et le quai Bélu.
