À Montlouis-sur-Loire, non loin de Tours et Amboise, se dresse le château de la Bourdaisière. Propriété de Louis Albert de Broglie, le domaine est surtout connu pour abriter un incroyable conservatoire de la tomate et un parc dédié au dahlia. Entre patrimoine et écologie engagée, zoom sur ce domaine unique en France.

Une historique demeure

Le château de la Bourdaisière s’est dessiné au gré des propriétaires qui se sont succédé. On lui connaît une histoire assez longue et tourmentée. Tout d’abord forteresse, le château devient une belle maison à la Renaissance, construite par Philibert Babou vers 1520 grâce aux multiples honneurs et charges reçus de François Ier, ce qui lui permet d’asseoir sa fortune. Signalons que Marie Gaudin, sa femme, n’est autre que la maîtresse du roi (mais aussi, dit-on, de Charles Quint et du pape), ce qui aide fortement la carrière de son époux !

 

©E. Dessevre

 

Très grand château au XVIIe siècle, il sera détruit à la fin du XVIIIe pour être de nouveau reconstruit et restauré au siècle suivant par les barons Joly. C’est d’ailleurs cette famille qui est à l’initiative de la transformation du parc du château. Un immense parc à l’anglaise, avec des pelouses ondulées et des bosquets d’arbres est dessiné par le très grand paysagiste de l’époque, Edouard André, vers 1875.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le château est occupé par les Allemands, avant d’être transformé en école militaire. Après la guerre, la bâtisse est abandonnée et c’est la ville de Montlouis-sur-Loire qui la rachète en 1959. La Bourdaisière devient une maison de retraite jusqu’en 1988.

 

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La propriété sera pour la dernière fois rachetée en 1991, par le prince Louis Albert de Broglie, surnommé également « Le Prince Jardinier ». Il la rénove dans l’idée d’accueillir un hôtel, aujourd’hui trois étoiles. Le propriétaire se charge de restaurer et de décorer entièrement cet hôtel de charme, constitué de 25 chambres et de quatre appartements.

Comme nulle part ailleurs

Mais ce qui fait la renommée particulière de la Bourdaisière, est sans aucun doute son potager, construit en 1840 et qui ne changera jamais d’emplacement, ni même de physionomie. Il abrite aujourd’hui 700 variétés de tomates, tandis que dans un jardin tout proche fleurit une partie de la collection nationale du dahlia.

 

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Le Conservatoire national de la tomate est une collection créée en 1996 par Louis Albert de Broglie, propriétaire de la Bourdaisière. Cette idée lui vient de ses nombreux voyages, notamment en Inde et en Asie d’où il rapporte les premières graines. Collectionneurs et jardins botaniques du monde entier ont permis d’enrichir le conservatoire avec de nombreuses variétés, de la plus banale à la plus farfelue : rondes, allongées, cœur, noires, vertes, jaunes, rouges… Avec des noms surprenants : Dix doigts de Naples, Rouge d’Irak ou encore Cornue des Andes. Les tomates sont classées par ordre alphabétique et par couleur. Pour les gourmands, il est possible de réserver une table au bar à tomates situé non loin des plantations, afin de goûter à quelques-unes des variétés. En construisant ce conservatoire, l’idée est de montrer aux gens que la tomate n’est pas seulement ronde et rouge, mais peut être striée, jaune, verte, noire.

 

La culture sous tipis

À la Bourdaisière, on cultive les tomates d’une façon très originale. Les collections sont présentées sous forme de tipis. « Si vous voyez des tipis, vous savez que vous êtes à la Bourdaisière, ou alors des jardins ont copié sur nous », s’amuse Nicolas Toutain, chef jardinier du potager du château de la Bourdaisière. Il s’agit d’un système de titrage sur trois pieds, très solide, facile à installer et plutôt esthétique.

 

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Le Prince Jardinier a également développé un autre espace exceptionnel, le « Dahliacolor », un jardin contemporain qui comprend 400 variétés de dahlias, avec une impressionnante diversité de couleurs. Le Dahliacolor – agréé par le conservatoire des collections végétales spécialisées – est inauguré au printemps 2008 et repensé en 2012, par le célèbre paysagiste Louis Benech, réputé pour avoir rénové le jardin des Tuileries à Paris en 1990. Le Conservatoire et le Dahliacolor sont ouverts aux curieux jusqu’au 31 octobre, la période la plus attractive étant bien sûr quand les tomates sont mûres (jusqu’au bout de l’été) et les dahlias en pleine fleuraison (jusqu’au bout de l’automne). Des visites libres ou guidées sont proposées.

 

Des rendez-vous incontournables

Tous les ans, trois événements ponctuels sont organisés. Les festivités commencent au printemps, à Pâques précisément, avec la Fête des plantes où une centaine d’exposants, notamment des horticulteurs et des pépiniéristes, se réunissent autour du château. Ensuite, le Festival de la tomate prend place au mois de septembre et permet aux nombreux Tourangeaux et autres visiteurs de découvrir cette collection extraordinaire de tomates. On dénombre une cinquantaine d’exposants, tandis que des activités culinaires sont proposées. Une fête à la tomate, mais aussi à la gastronomie ! Enfin, le dernier festival, au mois d’octobre,  est consacré au bois et à la forêt. On peut y découvrir tous les métiers forestiers. Des balades sont orchestrées par un conteur et permettent de se promener dans les bois d’un domaine qui s’étend sur 70 hectares…

Au-delà de ses jardins, le château de la Bourdaisière propose de nombreuses activités de loisirs puisqu’il dispose d’une piscine extérieure, d’un terrain de tennis, de circuits de course à pied dans les sous-bois, d’un parcours artistique…

La maison Deyrolle

La Maison Deyrolle est une célèbre maison d’entomologie et de taxidermie à Paris, créée en 1831 pour alimenter les collections des musées de sciences naturelles et des collectionneurs privés (collections animalières, matériels pédagogiques, planches pédagogiques, instruments scientifiques…). La saga familiale prend fin en 1970. Louis Albert de Broglie, passionné de biodiversité, décide de racheter la maison ; il en devient le propriétaire en 2001.

En 2007, il s’adapte aux enjeux environnementaux et sociétaux du XXIe siècle avec la création et l’édition de nouvelles planches scolaires plus pédagogiques dans une collection appelée « Deyrolle pour l’Avenir », afin de sensibiliser les jeunes générations. Ces planches prennent place dans les écoles et dans le jardin de la Bourdaisière. Aujourd’hui, les projets initiés par Deyrolle sont plus engageants que jamais et vous pouvez les retrouver un peu partout au château au cours d’événements et d’expositions. Le domaine de la Bourdaisière est un lieu d’expérimentation et de redécouverte du Vivant. Les jardins ont abrité il y a quelques années la première ferme en agroécologie, cocréée par le Prince Jardinier et inspirée par la permaculture du réseau Fermes d’Avenir.