Les dictons sont le plus souvent riches d’une sagesse ancestrale, d’un bon sens rural qui nous font vivre au plus près de la nature et mieux la respecter. Rythmés, presque poétiques, mêlés de prévisions météorologiques avec quelques évocations de la lune (« Qui son fumier enterre en nouvelle lune doit le faire » ou « La lune pâle fait pluie, l’argentine temps clair et la rouge vente »), ceux du potager (et même du verger) nous invitent plus particulièrement à effectuer les bons gestes dans le jardin au fil des mois et des saisons.

DÉCEMBRE, qui fait se reposer encore un peu plus le jardinier (« En décembre, fais du bois et endors-toi » car « Hiver est fort bonne saison quand on a pour faire tison »), même si planter peut également être conseillé (« Qui plante pendant l’Avent gagne une année de temps »). Et vous pouvez aller au jardin chercher maints feuillages et baies pour préparer couronne de l’Avent et décorations de Noël… Que viennent aussi le vent (« Plus les Avents sont venteux, plus les vergers sont plantureux ») et la neige (« Neige de décembre est engrais pour la terre », « Neige de décembre, c’est pour le jardin cendres » et « Si décembre est sous la neige, la récolte se protège »). D’autant plus que « Les oignons deviennent gros s’il neige sur leur dos » ! Neige de surcroît prometteuse d’une future belle année (« En décembre neige qui tombe annonce année suivante féconde » et « Quand décembre est froid et que la neige tombe, d’une année féconde tu peux avoir foi »).

 

Si JANVIER n’est guère mois d’extérieur, le jardinier doit quand même être sur pied pour la mi-janvier : « À la mi-janvier, étends ton fumier » (mais, s’il neige, ce ne sera pas la peine car « Neige de janvier vaut fumier ») et « Prépare pour saint Marcel tes graines nouvelles » (16 janvier). Il sait aussi sans doute que « Si la Saint-Antoine (le 17 ?) a la barbe blanche, pomme de terre en abondance » et que tout ce temps d’hiver (froid, gel, neige) est même un allié (« À janvier de neige et d’eau succède un été bon et beau » et « Janvier de givre, année de fruits »). Mais, le 27 janvier, « Après sainte Angèle, le jardinier ne craint plus le gel ». Pardon ? Mais non ! Quelle confusion ! Il ne peut s’agir de la Sainte-Angèle de janvier mais plutôt d’une ancienne fête célébrée bien plus tard dans l’année, au mois de mai (24 mai), après les saints de Glace…

 

En FÉVRIER, la neige a toujours son importance (« Pluie ou neige en février valent du fumier »). Même si cela peut paraître précoce, il est possible de semer (« Février, bon mois pour semer carottes et pois »). Le 5, n’hésitez pas non plus à planter des oignons, plutôt quand même par temps doux ou en bonne exposition : « À la Sainte-Agathe, oignons se plantent, même dans la glace » ou « Pour la Sainte-Agathe, sème ton oignon. Fût-il dans la glace, il deviendra bon ». Des oignons ou des poireaux, d’ailleurs : « Si tu sèmes tes poireaux à la Sainte-Agathe, pour un brin tu en auras quatre » ou « Pour la Sainte-Agathe, fais ta pouratte ». De la pouratte ? Oui, pour la rime aussi, ou encore de la pourette, de la porette (latin porrum), autres mots régionaux pour désigner le poireau ! Côté arbres fruitiers, attention ! Si le 6 février dit : « À la Saint-Gaston, surveille tes bourgeons », en fin de mois « Il est trop tard à la Saint-Pépin pour planter les arbres à pépins ». Oui, le 21, nous fêtons bien les Pierre-Damien et Pépin !