Les dictons sont le plus souvent riches d’une sagesse ancestrale, d’un bon sens rural qui nous font vivre au plus près de la nature et mieux la respecter. Rythmés, presque poétiques, mêlés de prévisions météorologiques avec quelques évocations de la lune (« Qui son fumier enterre en nouvelle lune doit le faire » ou « La lune pâle fait pluie, l’argentine temps clair et la rouge vente »), ceux du potager (et même du verger) nous invitent plus particulièrement à effectuer les bons gestes dans le jardin au fil des mois et des saisons.

Hmmm ! On dit souvent que JUIN est le plus beau mois de l’année dans le jardin… Binez (on dit également souvent qu’ « Un binage vaut deux arrosages » !), sarclez, paillez… Continuez même de semer, de planter… et commencez à récolter ! La pluie est peut-être moins bien accueillie (« En juin trop de pluie, et le jardinier s’ennuie », « S’il pleut en juin, le jardinier ronge son poing » et même « S’il pleut à la Saint-Médard (le 8), la récolte diminue d’un quart » ou « S’il pleut à la Saint-Médard, il pleut quarante (ou trente) jours plus tard » (« à moins que saint Barnabé… »). La pluie reste toutefois bienvenue avec le soleil (« En juin, pluie au soleil unie font prévoir récolte bénie »). Et n’oubliez pas les cerises (« À (la) Saint-Rufin, cerises à plein jardin » (le 14/06, semble-t-il, comme pour saint Élisée). Vient ensuite la Saint-Jean-Baptiste (le 24) : « Avant la Saint-Jean, pluie bénite ; après la Saint-Jean, pluie maudite » ou « À la Saint-Jean, qui voit une pomme en voit cent ». Et sans doute avez-vous déjà entendu ce drôle de dicton-ci : « De Saint-Jean à Saint-Pierre (du 24 au 29 juin), la semaine des haricots. » Pas de rime cette fois-ci ? Si. Car nous rencontrons aussi : « De Saint-Jean à Saint-Pierrot, la semaine des haricots » ! (N’est-ce un peu tardif ? Non, les haricots aiment la chaleur…) Puis vient la Saint-Pierre (29/06) : « Entre Saint-Pierre et Saint-Paul, plante le poireau et le chou. » Mais saints Pierre et Paul (même si l’on dit que Pierre précède et que Paul suit) sont fêtés ensemble ce jour-là ! Côté rime, citons donc plutôt cet autre dicton avec un autre mot régional désignant le chou : « Entre Saint-Pierre et Saint-Paul, plante le poireau et le caul. »

 

Le mois de JUILLET est souvent mois d’abondance (« En juillet, mois d’abondance, le pauvre a toujours sa pitance ») et plus rarement de pluie (« Sècheresse en juillet, richesse au cellier », « Soleil de juillet donne fortune »). Et juillet n’est-il pas le mois des navets ? « Qui veut de beaux navets les sème en juillet » ou « Qui veut bon navet le sème en juillet » – la structure syntaxique de ce dicton rappelle celle du fameux proverbe « Qui aime bien châtie bien », mais le dicton du potager semble moins austère ! Côté fruits, « À la Sainte-Virginie, la récolte des fraises est finie ». Si sainte Virginie a plusieurs dates de fête, nous choisirons ici celle du 8 juillet… D’ailleurs, la récolte ou la cueillette de fraises se fait souvent plutôt en juin (« À la Pentecôte fraise on goûte, à la Trinité fraises au panier »). Et, le 8 juillet, « À la Saint-Thibaut, sème tes raves, arrache tes aulx » – plutôt que ails, n’est-ce pas ? Le 13 (saints Henri et Joël), « Quand reviendra la Saint-Henri, tu planteras ton céleri ». Le 13, c’est aussi la Saint-Thuriau (de Bretagne) avec encore les navets de juillet : « À la Saint-Thuriau, sème les naveaux » ! Oui, des navets, des naveaux, des naviaux… Quant à la fin juillet, « De Sainte-Anne à Saint-Laurent, plante des raves en tout temps ». Du 26 juillet donc, jusqu’au 10 août. Et ajoutons que, le 30 (également jour de la Sainte-Juliette), « À la Saint-Abdon, mûrs sont les melons ».

 

AOÛT peut lui aussi être mois d’abondance (« Quand août est bon, abondance à la maison ») et nous fait reparler dès le début des choux : « Il faut cueillir les choux, l’un des trois premiers jours d’août » (lors des Saint-Alphonse, Saint-Julien et Sainte-Lydie). Le 11, « Si l’aube est claire au jour Sainte-Claire, les légumes seront beaux ». Et, le 15, la pluie s’invite parfois : « Quand il pleut à l’Assomption, on a des pommes de terre et du regain » et « Pluie de l’Assomption, huit jours de mouillon ». Mais, le 28, « À la Saint-Augustin, le soleil a grillé le serpolet et le thym ».