Luzerne, moutarde, trèfle, sarrasin… Amies du jardinier depuis des siècles, ces plantes surnommées « engrais verts » permettent de fertiliser naturellement le potager. Avant de lancer les semis, apprenons à les connaître et à les utiliser.

Bien dans l’air du temps, les engrais verts gagnent en popularité. C’est loin d’être un simple effet de mode, tant ils ont fait leurs preuves comme alternative écologique et performante aux engrais chimiques. Adaptés à tous les types de jardins, y compris aux potagers urbains, les engrais verts cumulent de nombreuses vertus. La luzerne, la vesce et le trèfle ont la faculté de capter les nutriments présents dans l’air ou le sous-sol, avant de les fixer autour de leurs racines. Les légumes profitent de cette réserve de nourriture en y puisant l’azote, le phosphore, le potassium et tous les oligo-éléments indispensables à une belle récolte.

 

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Les engrais verts permettent de structurer la terre et de maintenir la fraîcheur au pied des cultures, ce qui limite l’évaporation et donc l’arrosage. À la clé, un gain de temps et des économies sur la facture d’eau. Certaines céréales, comme le seigle ou le sarrasin, ont le don de gêner les mauvaises herbes en occupant l’espace racinaire : les séances de désherbage seront un jeu d’enfant ! Les jolies fleurs violettes de la luzerne et de la phacélie attirent les abeilles et papillons qui, en échange, favorisent la pollinisation des légumes. Le feuillage offre un domicile aux prédateurs des pucerons : coccinelles, syrphes et punaises nous aident à éloigner les insectes ravageurs. L’alliance entre faune et flore s’observe aussi autour des racines, où la terre fourmille de vers et de bactéries bénéfiques.

Où semer, quand et comment ?

Une large gamme d’engrais verts est disponible en jardinerie. Les graines seront semées sur les parcelles vides ou proches d’être récoltées, entre les rangées de légumes, au pied des arbres fruitiers ou encore sur une zone à régénérer. Deux périodes sont propices : en mars-avril, semer la luzerne, le trèfle, la vesce ou la phacélie en prévision des cultures gourmandes de l’été (tomates, courgettes, potirons…), auxquelles elles donneront un coup de fouet grâce à un apport rapide d’azote. En fin de saison, d’août à octobre, mettre en place la moutarde, le seigle, le trèfle incarnat ou le sarrasin qui protègeront le sol tout l’hiver. Couvrir le potager s’avère une stratégie payante sur les terrains sableux ou limoneux, de nature meuble. Laisser à nu ce type de sol l’exposerait au lessivage par les pluies et à l’érosion par le gel. Sur un sol argileux, plus lourd et compact, les engrais verts à racines profondes (seigle, luzerne, sarrasin) sont un moyen efficace d’aérer la terre afin que l’eau pénètre facilement. Au final, le sol du jardin sera plus facile à travailler et mieux préparé à accueillir semis et plantations.

 

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Semer à la volée sur un sol ratissé, tasser légèrement et arroser en pluie fine. Ensuite, il suffit de laisser faire la nature : ces plantes ont la délicatesse de se débrouiller toutes seules. Avant les plantations, il faut couper les engrais verts pour faire place nette. En mai, faucher les semis de printemps. En mars, faucher les plantes qui ont couvert le sol pendant l’hiver. Passer la tondeuse ou couper les tiges à la cisaille et les déchirer grossièrement, puis laisser sécher deux à trois semaines avant d’enfouir à faible profondeur, par un simple griffage. Cet apport de matière organique stimulera la croissance des légumes. La luzerne et le trèfle donnent un peu plus de fil à retordre : leurs profondes racines doivent être arrachées à la main, sans quoi elles risquent de concurrencer les cultures. Quant à la moutarde et à la phacélie, les faucher dès la floraison empêche les graines de se répandre dans le jardin.

 

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On peut aussi incorporer les tontes d’engrais verts au compost, qui s’en trouvera enrichi en matière carbonée. De quoi disposer d’une belle réserve de biomasse à utiliser en temps voulu. D’ailleurs, les engrais verts, à décomposition rapide, complètent idéalement un engraissage de fond (compost, fumier), à l’action plus lente. Il est en revanche déconseillé de semer des engrais verts avant ou après des légumes de la même famille : pas de moutarde avant les choux (famille des crucifères), ni de luzerne après les haricots (ce sont des fabacées). Maintenant que vous avez le mode d’emploi, à vos binettes !