La Sainte-Baume, massif provençal qui s’étend des Bouches-du-Rhône au Var sur 45 000 hectares, abrite un lieu de pèlerinage religieux unique ainsi que de nombreux sentiers de randonnée.

Même si l’habitude est prise depuis longtemps de ne plus l’appeler que « la Sainte-Baume », c’est le qualificatif de « massif » qui vient immédiatement à l’esprit dès que l’on aperçoit à l’horizon, et plus encore au fur et à mesure que l’on s’en rapproche, cette imposante crête de roches calcaires longue de 14 km (et qui culmine à 1 148 m au Jouc de l’Aigle et au Signal des Béguines), véritable sentinelle minérale au-dessus de cette partie de la Provence, haut-lieu de la nature situé à l’est de Marseille et au nord-ouest de Toulon. On comprend que les amoureux de randonnée pédestre aient placé cette enclave préalpine, entre Méditerranée et montagne, ce « château d’eau de la Provence » où naissent plusieurs rivières, l’Huveaune, le Caramy, le Gapeau, au « sommet » de leur liste des circuits à faire.

 

Un lieu de pèlerinage ancien

La Sainte-Baume est aussi un lieu de pèlerinage religieux, l’un de plus renommés du monde occidental, dont le caractère vénérable remonte bien avant le Christianisme. Les Grecs déjà, qui avaient fondé la colonie de Massalia (Marseille) en 600 avant J.-C., considéraient cette barre rocheuse comme une montagne sacrée. Les cultes de la fertilité liés à Artémis d’Ephèse et Isis y étaient rendus. Puis l’endroit, du moins la forêt de la Sainte-Baume, fut révéré par les Celtes, adorateurs des arbres, du bois, de la forêt.

 

 

Quelque temps plus tard, mais peut-être est-ce une légende, un groupe de disciples de Jésus, ayant fui les persécutions, accosta dans une barque dépourvue de voile et de rames aux (actuelles) Saintes-Maries-de-la-Mer. Marie-Madeleine, l’une de ces personnes, évangélisa ensuite la Provence avant de rejoindre la grotte de la Sainte-Baume (du provençal baumo, grotte), sur le flanc nord du massif, dans la forêt, pour y vivre le restant de ses jours (trente ans !) dans la prière. Un autre disciple, Maximin, qui l’avait accompagnée dans sa mission évangélisatrice, se fixa dans la ville proche qui porte son nom. C’est d’ailleurs dans cette cité qu’a été bâtie la basilique Sainte-Marie-Madeleine. Le plus grand édifice gothique de Provence a été fondé après que le comte de Provence, en 1279, eut retrouvé le tombeau de la sainte, ensevelie là, après sa mort, par Maximin. Les évêques de la région furent invités à reconnaître le corps et les reliques de Marie-Madeleine, tandis que le pape, en 1295, autorisa les bénédictins à s’installer à Saint-Maximin et à Plan d’Aups, afin d’y assurer le rôle de gardiens. Ce fut le début d’un pèlerinage qui devait prendre de l’importance au fil des siècles, avec la participation des sommités du royaume, du très dévot Louis XI au « Roi Très Chrétien » Louis XIV, en passant par François Ier et Louis XIII… De nombreux pèlerins anonymes se rendront eux aussi dans les deux lieux sacrés voués à Marie-Madeleine, la basilique et la Sainte-Grotte, que relie le « chemin des roys », par ailleurs étape des Compagnons du Tour de France.

Un lieu oublié puis restauré au cœur du parc naturel

Au milieu du XIXe siècle pourtant, le site de la grotte était oublié, laissé à l’abandon – la Révolution était passée par là. C’est alors que le Père Lacordaire entreprit de restaurer l’endroit et de bâtir une hostellerie. La communauté des frères dominicains continue aujourd’hui d’accueillir les croyants et les « incrédules » qui marchent vers le lieu de prières choisi par Marie-Madeleine.

Sans être forcément pèlerin, n’importe qui peut cheminer dans le Parc naturel régional du massif de la Sainte-Baume. Créé récemment (en 2017-2018), ce PNR rassemble 28 communes réparties sur 84 200 hectares, dont 80 % d’espaces naturels. Un vrai paradis de la randonnée, riche de nombreux parcours. En son cœur, la forêt « relique » de la Sainte-Baume, préservée malgré la vocation pastorale de cette partie de la Provence, possède des essences inhabituelles dans cette région (hêtres, ifs, houx, érables). L’ensemble des forêts du parc abrite d’ailleurs une flore rare, composée de fougère scolopendre, cyclamen de printemps, Epipactis de Tremols… En outre, 219 espèces animales, propres aux garrigues et forêts provençales, sont dénombrées ici.