Connaissez-vous la teurgoule ? Il s’agit d’un dessert normand généralement préparé avec du riz, du sucre, du lait et de la cannelle, que l’on met dans une jatte en grès et que l’on fait longuement cuire au four et le plus gros du temps à feu doux… d’où sa couleur « caramel » ou dorée et sa croûte plus ou moins épaisse. Cette sorte de riz au lait très cuit se cuisine plutôt dans le Calvados – certains le font naître à Honfleur en temps de disette au XVIIIe siècle – et parfois dans le sud de la Manche. Du côté de Saint-Lô, il est préparé à la casserole, avec cuillère en bois et le plus souvent sans cannelle…
Ce fameux plat de Normandie finirait par créer deux clans : les partisans et passionnés de la teurgoule, d’une part, et ceux qui lui préfèrent le riz au lait d’autre part. Mais chacun des gourmands-gourmets se rassemble gaiement autour du nom du plat : teurgoule, un terme original presque amusant, à peine élégant, qui rime de surcroît avec goule ! Eh bien ! Oui, les deux mots sont liés au niveau étymologique !! Goule, d’emploi assez familier, est un mot d’ancien français (du latin gula, « gorge », « gosier », « bouche ») que l’on retrouve dans goulée, goulet, goulot, goulu, gouleyant… et gueule ! Le mot régional teurgoule (normand teurt-goule, tord-goule) serait donc un aliment « tord-gueule », « qui tord la goule » ! Peut-être parce que les gens mangeaient précipitamment le plat encore très chaud… ou bien que les premières recettes étaient hésitantes.
Le plat se déguste éventuellement et d’après sa confrérie avec de la brioche (fallue) et un verre de cidre ! Car, comme le dit la chanson :
« Por’ s’empli’ la goule
Y faut d’la teurgoule.
Y faut d’la fallue itou
C’est cha qui fait bère un coup,
Por’ s’empli’ la goule
Y faut d’la teurgoule
Car no s’ra terjous gourmands
D’nos vieux plats normands… »