Un château de caractère, c’est ce qui vient immédiatement à l’esprit dès que l’on se présente devant cet imposant monument, initialement une « maison forte à usage de défense » située dans la partie ancienne du village de Bissy-sur-Fley, qui recèle entre autres une église romane du XIIe siècle.

C’est au moins un siècle plus tard que fut édifié le château local, probablement vers 1300, comme le prouvent les études dendrochronologiques menées sur les poutres de la tour de la Panneterie. C’est une maison forte typique de la Bourgogne du Moyen-Âge, occupée par les seigneurs de Bissy, au XIVe siècle. Période troublée s’il en est – guerre de Cent-Ans, confrontations meurtrières entre les Armagnacs et les Bourguignons, velléités d’indépendance des ducs de Bourgogne – qui va amener la maison-forte… à renforcer davantage encore sa défense. À travers l’édification d’une tour, dite « de la prison », vers 1400, avec archère, bretèche puis, plus tard, bouches à feu, puis la construction de tours de défense… qui disparaîtront au XVIe siècle. Les combats n’étant plus en cours dans le royaume – du moins au début de la Renaissance –, peut-être ces fortifications n’avaient-elles plus d’utilité. À moins que justement ces éléments aient été détruits pendant les guerres ? Ce château garde encore ses mystères !

 

Un illustre propriétaire, Pontus de Tyard …

Mais nous arrivons à l’époque de Pontus de Tyard, le XVIe : le château connaît alors une profonde transformation. Le corps de logis, la tour de la façade Est sont édifiés dans un style, sinon Renaissance (ou alors timide, cependant visible à travers l’escalier à vis, par exemple), plutôt gothique bourguignon… Le château, de médiéval et défensif, devient une demeure familiale. Mais les seigneurs qui y demeurent tiennent visiblement à leurs prérogatives : dans la Basse Cour, entourée de murailles, sera longtemps installé un auditoire de justice. Autre attribut seigneurial : le pigeonnier. Celui du château possède 745 boulins, à raison d’un par couple de pigeons. Sans oublier les terres, bois, vignes, vergers, exploités par les seigneurs pour eux-mêmes.

… dont on fait vivre le souvenir

Vers 1650, les Thiard délaissent cette propriété, lui préférant d’autres châteaux. Deux siècles plus tard, à la mort du dernier comte, le domaine est vendu et devient… une ferme. Les communs actuels datent de cette période. Granges, pressoirs, écuries servent jusque dans les années 1950. La ruine guette, avant le rachat du château en 2001 par une famille qui le confie à l’association Renaissance du Château Pontus de Tyard. Cette dernière met toute son énergie dans l’organisation d’un grand nombre d’événements : spectacles vivants, journées de la biodiversité, festival de musique, marché, et Printemps des Poètes, bien sûr, particulièrement adapté à ce lieu qui vit naître en 1521 celui qui a légué son nom au château, Pontus de Tyard, humaniste, précurseur des Encyclopédistes, membre du cercle littéraire de la Pléiade, ami de Ronsard, savant maîtrisant parfaitement tant la philosophie que la théologie, l’astronomie que les mathématiques. Conseiller de trois rois, notamment Henri III qu’il défendit contre les ligueurs lors des États généraux de Blois (1588), l’évêque de Chalon qu’il était aussi avait en outre un sacré courage : en pleine guerres de religion, il prêchait la modération. Cela lui valut d’être taxé d’hérésie (il en fallait peu…). Mort en 1605, il n’a pas été oublié. De nombreuses manifestations ont eu lieu en 2021 et 2022 afin de commémorer le 500e anniversaire de sa naissance.

 

Le domaine est bien sûr ouvert à une visite riche en surprises : outre les éléments de patrimoine, les pièces, les bâtis, propres à ravir les amoureux d’histoire et d’architecture, le verger conservatoire, et la vigne, conservatoire elle aussi, sont proposés aux curieux avides d’en savoir plus sur les arbres fruitiers du XVIe siècle et les cépages anciens et bourguignons.