Son imposant donjon et ses hautes murailles, édifiés sur un promontoire rocheux, dominent tout le littoral talmondais. Construit au XIe siècle, le château de Talmont a su traverser les âges pour devenir aujourd’hui un site touristique incontournable en Vendée. Grâce à ses nombreuses animations, cette forteresse millénaire vous convie au cœur du Moyen-Âge, à la rencontre des personnages illustres qui ont jalonné son histoire. Zoom sur l’un des tout premiers châteaux en pierres de France !

Le château sur la mer

L’histoire du château de Talmont débute au XIe siècle, alors que les Vikings débarquent sur les côtes vendéennes. Le fief de Talmont, placé sous l’autorité de Guillaume V dit le Grand, comte de Poitou et duc d’Aquitaine, est confié à Guillaume le Chauve qui en devient le premier seigneur. Pour protéger son territoire des attaques normandes, il choisit d’ériger un château-fort sur un promontoire rocheux. En 1020, débute alors la construction du château, ceinturé d’une palissade, bien vite remplacés par de la pierre et des galets. Le château, bordé par deux cours d’eau, domine ainsi tout l’estuaire du Payré et devient pratiquement imprenable dès lors que la marée monte. 

 

© V. Liorit

 

Car si la mer a aujourd’hui reculé 6 km plus au sud en raison de l’ensablement du bras du Payrée, il faut imaginer que le château était alors entouré d’eau. Vers 1050, Guillaume le Jeune, fils de Guillaume Ier de Talmont, dit le Chauve, poursuit la construction de la forteresse et érige un imposant donjon de 30 mètres et 5 étages, avec une salle d’apparat. La seigneurie de Talmont va alors fortement se développer, grâce à son important port de commerce maritime de vin et de sel, le plus grand entre Nantes et Bordeaux, alors même que les ports de La Rochelle et des Sables d’Olonne n’existaient pas encore. 

Dans les pas d’Aliénor

Au milieu du XIIe siècle, c’est à un autre Guillaume que l’on doit un événement plutôt cocasse qui va mener à la destruction d’une partie du donjon… En 1137, Aliénor, duchesse d’Aquitaine, épouse Louis VII, roi de France. Talmont est alors placé sous l’autorité de ce dernier. Guillaume de Lezay, seigneur de Talmont, connu pour son penchant pour les demandes de rançon, prépare une embuscade pour piéger le roi. Alors que Louis VII visite ses nouvelles terres, son avant-garde est emprisonnée dans le château par l’opportuniste seigneur de Talmont. Alerté, le roi lance l’assaut. Un violent incendie va ravager la tour principale, laissant pour témoins quelques pierres rougies, encore visibles aujourd’hui. À la mort de Guillaume de Lezay, ses héritiers s’allient à la famille Mauléon. 

 

Photo du drapeau de la forteresse de Talmont

 

En 1152, Aliénor d’Aquitaine, fraîchement divorcée du roi de France Louis VII, se remarie avec Henri II Plantagenêt, futur roi d’Angleterre. À la fin du XIIe siècle, la moitié ouest de la France passe alors sous domination anglaise. C’est ainsi que Richard Cœur de Lion, fils du nouveau couple royal, héritera de droits sur le château et portera même le titre auto-proclamé de prince de Talmont. Il faut dire que depuis Guillaume le Chauve, le Talmondais est « co-dirigé » par le seigneur et le comte du Poitou, duc d’Aquitaine. Fort de son lien d’amitié avec Raoul III de Mauléon, qui a servi à ses côtés lors de la troisième croisade, le futur roi se rend régulièrement dans le Talmondais. Le 30 septembre 1199, Aliénor d’Aquitaine nomme Raoul III « Sénéchal de Poitou » en présence du roi Jean sans Terre et confirme ainsi l’attribution totale du château de Talmont à la famille de Mauléon. 

Grandeur et démantèlement

Dans les premières décennies du XIIIe siècle, Savary de Mauléon, homme fort du Poitou et proche de Jean sans Terre, entame des travaux d’importance et renforce les défenses du château, qui se mue en une véritable forteresse. Un deuxième mur d’enceinte est érigé, ainsi qu’un pont et un mur triangulaire de 7,50 mètres d’épaisseur au nord de la tour maîtresse pour la protéger d’éventuelles attaques. Le site est alors à son apogée et témoigne de la puissance de son propriétaire. Pourtant, dès la mort de Savary, la forteresse va progressivement être abandonnée. Alors que Louis IX prend possession du Talmondais (1233), le château devient propriété des vicomtes de Thouars. Malgré l’influence de cette famille dans le Poitou, la forteresse perd peu à peu de son intérêt stratégique et devient une résidence secondaire. En proie à l’ensablement, le port de Talmont perd également de son importance.

 

Photo des ruines de Talmont

 

Cédé par mariages aux familles d’Amboise et de La Trémoille, le château de Talmont va connaître un dernier coup du sort lors de la Réforme, alors que la ville est devenue une place forte protestante. En 1628, le roi Louis XIII et son conseiller Richelieu ordonnent le démantèlement du château pour éviter qu’il ne serve de refuge aux protestants. Claude de la Trémoille s’exécute et détruit les logis, les parties hautes du donjon et de larges pans de murailles. L’un des derniers seigneurs de Talmont, Antoine-Philippe de la Trémoille, qui commandait la cavalerie vendéenne des troupes royales, sera guillotiné en 1794 à l’âge de 28 ans. Au fil des siècles, le site en ruine devient une carrière à ciel ouvert. Il faut attendre 1920 et son rachat par la municipalité de Talmont pour que le château sorte de l’oubli…

Faire parler les pierres

Comment conter l’histoire d’un tel monument à un public du XXIe siècle ? C’est la question à laquelle répond chaque jour le château de Talmont à travers un riche programme d’animations pour petits et grands. Classé au titre des Monuments historiques en 2009, Talmont a ouvert au public dès 1926. Chaque année, il accueille près de 80 000 visiteurs et propose des visites guidées, des ateliers médiévaux, des spectacles de fauconnerie et de chevalerie et des événements comme la Chasse aux œufs, le Festival du Château, la Fête Médiévale, les JEA, les JEP ou encore la Murder Party en automne et le marché de Noël. Sans oublier l’Escape Game « Le trésor des templiers » et le spectacle nocturne estival « L’épopée de Richard Cœur de Lion », un son et lumière avec plus de 100 figurants. Un château… fort animé donc, qui n’oublie pas pour autant sa mission de conservation. Chaque hiver, des travaux de restauration sont menés pour permettre au site, on l’espère, de tenir encore un millénaire !