Le mot POMME vient du latin pomum qui désigne tout fruit à pépins ou à noyau, voire un arbre fruitier. Ce sens ancien plus large rappelle que la pomiculture ou la pomoculture n’est pas seulement la culture des pommiers : il s’agit bien de la culture des arbres à fruits à pépins en général (pommes, poires, coings…) même si pomiculture semble s’employer davantage pour la culture des pommiers en particulier.

Si nous découvrons au Moyen Âge les formes pume (dans la Chanson de Roland), pome (chez Wace, le poète également anglo-normand) et pomme, le mot pomum est à l’origine de nombreux autres termes de la langue française en lien avec la pomme et avec un m ou deux m : en plus donc de ces pomiculteur, pomicultrice, pomiculture ou pomoculteur, pomocultrice, pomoculture, nous connaissons bien sûr pommier, ainsi que pommeraie (lieu planté de pommiers, verger, champ de pommiers) qui se retrouve dans divers toponymes comme Saint-Sauveur-la-Pommeraye dans la Manche, La Pommeraye dans le Calvados ou Morgny-la-Pommeraye en Seine-Maritime.

 

Nous rencontrons aussi pommé et pommeau qui, eux, sont rarement dans les dictionnaires avec le sens de produits fabriqués à base de pommes… alors que le poiré y est bien mentionné ! Pommé y a plutôt sa place comme adjectif qualificatif avec le sens de « arrondi comme une pomme » (tels le chou et la laitue) et le nom pommeau y désigne d’abord l’extrémité renflée ou arrondie d’une poignée. Proposons également pommelé (comme l’est un ciel ou un cheval), pommette (« petite pomme » et partie plus haute de la joue), pomélo aussi (sans doute de pomum melo, « fruit melon ») et même pommade ! Pommade, vraiment ? Oui, la pommade (italien :  pomata) est d’abord un « onguent aux pommes »…

 

Pomone, elle, est la déesse romaine des fruits et pomme de pin et pomme de terre confirment à leur tour le sens plus large du latin pomum. Sachez que c’est plutôt le mot malum qui désigne précisément la pomme en latin classique, correspond au grec μῆλον, mêlon, et se retrouve ainsi dans l’italien mela et dans melon, camomille et hamamélis en français. Quant aux professionnels et passionnés de pommes, ils pourront rejoindre s’ils le désirent une société ou une association pomologique avec pomologues ou pomologistes. Si nous venons de déplorer le fait que certains mots manquent dans les nouveaux dictionnaires, que dire d’autres qui semblent avoir disparu de notre langue ? C’est le cas de l’adjectif pommeux… Nous le trouvons dans les pages d’un dictionnaire anglais de langue française du début du XVIIe siècle, le Dictionarie of the French and English Tongues de Randle Cotgrave (1611) : « pommeux, pommeuse : full of apples » et le redécouvrons dans le fameux dicton « Mars venteux, vergers pommeux » !

 

Enfin, nous aimerions partager cette ravissante trouvaille au sein de ce même vieux dictionnaire anglais de langue française : on y remarque aussi le mot pommé ! S’il désigne de nos jours une préparation traditionnelle épaisse (longue réduction) à base de pommes et de cidre ou de jus de pommes que l’on peut étaler sur du pain ou sur une crêpe, ce devait alors être également une boisson de pommes comme l’est le poiré avec les poires, car voici exactement ce que nous y avons lu et avec cette orthographe : « pommé : cyder ; drinke made of apples ». Un ancien nom du cidre, en quelque sorte.