Le palais du Tau est établi dès la fin du IVe siècle sur une ancienne demeure gallo-romaine sur le flanc sud de la cathédrale. Il présente alors l’aspect d’une maison forte. À l’origine palais épiscopal, puis archiépiscopal à partir VIIIe siècle, le palais du Tau est désigné en tant que tel dès 1131. Son nom fait référence à la lettre Tau de l’alphabet grec en raison de son plan en forme de T. Cette forme de T majuscule n’est pas sans rappeler aussi celle des premières crosses épiscopales.
En 1210, le palais subit vraisemblablement d’importants dommages à la suite d’un incendie touchant la cathédrale. Une chapelle palatine à deux niveaux de style gothique est construite par l’architecte Jean d’Orbais entre 1215 et 1235. Vers 1500, sous les archevêques Guillaume Briçonnet (1497-1507) et Robert de Lenoncourt (1503-1532), le palais est remanié dans le style gothique flamboyant duquel subsistent la salle basse voûtée d’ogives et le décor reconstitué au XXe siècle de la salle du Tau avec sa voûte lambrissée en carène.
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Les transformations qui donnent au bâtiment son actuelle apparence classique datent de la fin du XVIIe siècle ; elles ont été effectuées sous la direction de l’architecte Robert de Cotte durant l’archiépiscopat de Charles-Maurice Le Tellier (1671-1710). Avec l’émigration en Allemagne de l’archevêque Alexandre de Talleyrand-Périgord en 1790, le palais est confisqué et devient bien national pour faire successivement office de tribunal, bourse, caserne, prison. Il est restauré pour le sacre de Charles X en 1825 dans un style néo-gothique par l’architecte François Mazois. Vers 1860, l’aile Sud longeant la première cour est reconstruite selon les plans de l’architecte Viollet-le-Duc. La loi de séparation de l’Église et de l’État en 1905 entraîne la fin de l’occupation du palais par les archevêques. Le palais du Tau est classé au titre des Monuments historiques le 20 décembre 1907.
Dès le XIXe siècle, le palais accueille des collections d’art et d’histoire de Champagne. Les bombardements de la Première Guerre mondiale lui causent de lourds dommages ; seuls restent ses murs. Il est restauré et réaménagé pour devenir un musée inauguré en 1972, puis classé au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1991 au même titre que la cathédrale. Il est géré depuis 2000 par le Centre des monuments nationaux qui le rend accessible aux publics handicapés en 2011.
Au cours de votre visite, vous pourrez découvrir de nombreuses salles où sont exposées de remarquables tapisseries, comme les deux grandes tentures murales datées du XVe siècle illustrant l’histoire du « Fort Roy Clovis », mais aussi des sculptures, tel cet imposant Goliath daté du troisième quart du XIIIe siècle. Deux chapelles et une antichambre ainsi que le Trésor abrité dans deux pièces sont aussi à découvrir. La première présente le trésor de l’Ancien Régime et la seconde celui de la Restauration. Le trésor de l’Ancien Régime est principalement constitué d’objets issus du trésor de la cathédrale et qui ont échappé à la destruction lors de la Révolution. Le trésor de la Restauration se compose essentiellement d’objets fabriqués en vue du sacre de Charles X. On peut compter parmi ces objets le reliquaire de la sainte Ampoule, le calice du Sacre, le talisman de Charlemagne, le reliquaire de la Résurrection datant de la seconde moitié du XVe siècle ou encore la nef de sainte Ursule. En plus d’admirer ces trésors d’orfèvrerie à la valeur inestimable pendant votre venue, vous pourrez aussi profiter d’expositions temporaires !
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