Il est le cheval emblématique du Perche, l’une des races de chevaux de trait les plus répandues en Europe et à travers le monde, et sans doute l’une des races françaises de chevaux les plus connues.

Les gens de cette jolie région naturelle (et ancienne province) ne vous parleront pas de cheval percheron, mais simplement de percheron. Et vous vérifierez bien à votre tour s’il doit s’agir des chevaux ou des gens, Percheronnes et Percherons, avant de poursuivre la discussion.

Le percheron est imposant, fort, massif, puissant, solide, musclé, charpenté… Les adjectifs ne manquent pas pour le qualifier et nous pourrions ajouter à la liste : courageux, généreux, attachant… Magnifique aussi, élégant et de noble beauté. Avec de forts pâturons, des crins plutôt fins et une tête expressive au large front. Sa robe caractéristique est gris pommelé, mais elle peut également être noire, gris foncé aussi bien que gris clair – elle s’éclaircit souvent au fil du temps. Percherons gris de toutes nuances, donc, ou percheron noir… voire  percheron bai en dehors du standard français.

 

 

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Ce cheval originaire du Perche semble tenir une place à part. Une affection toute particulière lui est réservée ; nombre de gens retiendront l’image bucolique de l’animal et sa rondeur rappelant celle des paysages de la région. Un cheval largement peint par l’artiste animalière Rosa Bonheur.

La tradition le fait souvent remonter au VIIIe siècle, le disant imprégné de sang oriental à la suite de la bataille de Poitiers. Ou alors à l’époque des Croisades. Ou bien encore en lien avec le cheval boulonnais. Mais c’est sans doute par une longue sélection d’éleveurs sur les terres du Perche que la race s’est vraiment développée à partir du début du XIXe siècle. Souvenez-vous par exemple de l’étalon Jean le Blanc (dont une rue de Mortagne porte le nom) ou du grand Voltaire parti en Amérique (et qui y a connu quelques mois plus tard une fin tragique).

 

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D’abord représentatif du terroir percheron et de la ruralité, ce cheval a ensuite lié tradition et « modernité » dans les villes et à l’étranger. En effet, le cheval percheron était utilisé non seulement pour le trait lors des travaux des champs, mais aussi comme animal d’attelage pour le transport en ville : il était très populaire au milieu du XIXe siècle, en particulier à Paris où il tirait de nombreux véhicules (personnes, courrier et marchandises). Se distinguent en fait généralement deux types de chevaux : le cheval de trait percheron proprement dit, pour le trait lourd (travaux agricoles et forestiers), et le « diligencier » percheron, plus léger, pour l’attelage au trot.

Le cheval a fait la fortune de nombreux élevages du Perche qui l’ont vendu dans quantité de départements français et même exporté dans différents pays. A été créée en 1883 la Société hippique percheronne de France et s’est alors ouvert le stud-book ou registre généalogique de la race.

Mais on l’a peu à peu oublié au cours du XXe siècle, avec le développement des chemins de fer et de la mécanisation agricole. Le cheval s’est alors alourdi, fortement épaissi pour la viande de boucherie.

 

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Pourtant, à partir des années 80 et sous l’influence des haras, le percheron redevient plus léger et retrouve du succès en étant à nouveau utilisé dans les attelages (de compétition, de loisirs – surtout à partir des années 90 –, en plus de ceux de promotion publicitaire qui existent parfois depuis longtemps à l’étranger comme en Allemagne ou aux États-Unis). Il peut aussi être monté. Et si le percheron a désormais sa propre chanson interprétée par Fabienne Thibeault, le Japon a quant à lui depuis pas mal d’années ses courses de traction… et sa statue du fameux Iréné !

« Modernité », disions-nous. C’est effectivement une vraie modernité qui fait revenir le cheval aujourd’hui, non seulement à la campagne pour les loisirs et le tourisme (calèches et carrioles, roulottes, traîneaux…), mais aussi dans maints lieux variés pour le travail et le respect de l’environnement : débardage, labour de petites surfaces, maraîchage, agriculture biologique, viticulture, entretien de milieux naturels et d’espaces verts, collecte de déchets des collectivités, transport de produits sur le marché, police montée… et même ramassage scolaire !

Vous pouvez bien sûr également rencontrer des chevaux percherons au Haras national du Pin, de même qu’à celui de Saint-Lô : vous y serez toujours impressionné par le fait qu’un humain puisse diriger un attelage de six chevaux si puissants ! Vous pouvez aussi assister au Concours de modèles et allures qui a lieu chaque année dans différentes villes du Perche, découvrir les chevaux au Salon de l’agriculture ou au Salon du cheval de Paris, ou encore lors de concours régionaux ou locaux, de galas (comme à Avignon), de foires, de fêtes et de festivals. Aller à la Maison du Parc naturel régional du Perche, au Prieuré de Sainte-Gauburge à Saint-Cyr-la-Rosière (écomusée) ou même au Musée vivant du cheval installé dans les Grandes Écuries du château de Chantilly. Vous rendre sinon directement chez un éleveur percheron, voire profiter de belles balades attelées sur les chemins du Perche qui vous feront encore plus apprécier ses forêts, sa campagne, ses manoirs et ses villages. Alors… prêt pour un périple de quelques jours en roulotte ?