Que de capitales ! Vous connaissez La Roche-Sur-Yon, préfecture de la Vendée en 1804, et avant elle, Fontenay-le-Comte, chef-lieu du département en 1790. (Napoléon la trouvant trop excentrée, décida de transférer la préfecture à La Roche). Une troisième ville a eu l’honneur d’être la « capitale » de l’ancienne Vendée (le Bas-Poitou) : Luçon, siège de l’évêché. La cathédrale vendéenne est donc ici. Son nom : Notre-Dame-de-l’Assomption.

Non loin du Marais poitevin, à Luçon, se dresse Notre-Dame-de-l’Assomption, classée Monument historique en 1906. Cet édifice est le résultat d’un savant dosage de différents styles. D’origine romane, la cathédrale (fin XIe-XIVe siècle) est principalement gothique, bien que quelques parties, plus récentes, laissent admirer un style classique. Elle n’échappera pas à la mode du XIXe siècle qui verra pousser sur les églises les grandes flèches que l’on connait. Celle de la cathédrale, culminant à 85 mètres, date de cette époque.

 

 

En fait, le début de l’histoire remonte à plus loin que la fin du XIe siècle mentionnée plus haut : « L’origine carolingienne de cet édifice religieux est probable, car il est désigné comme prieuré en 840, parmi les possessions de l’abbaye Saint-Philibert-de-Noirmoutier. » Au départ, en effet, se trouvait à Luçon, à la place de la cathédrale, un monastère (le cloître, reconstruit au XVIe siècle, est toujours visible). Il dépendait de l’abbaye bénédictine de Noirmoutier. S’il ne reste rien de cette première époque, le Moyen-Âge a toutefois laissé sa marque…

 

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Ainsi, une partie romane du monument encore visible se dévoile au niveau du transept nord. D’ailleurs, pendant longtemps, un bâtiment fort peu joli paraît-il, cachait cette partie de l’édifice. Alors, levons la tête pour contempler ce magnifique portail roman. Sur le tympan, la partie en arc de cercle au-dessus de la porte, nous remarquons un Christ en majesté. Le Christ est représenté dans son corps de gloire tel qu’il apparaît à ses trois disciples, Pierre, Jacques et Jean, durant la Transfiguration. C’est ainsi revêtu de son corps glorieux qu’il reviendra sur terre au moment de l’Apocalypse dans un char tiré par les quatre évangélistes représentés par un homme, un lion, un taureau et un aigle. À sa gauche, il semblerait que l’on aperçoive saint Marc, le lion, et saint Luc, le taureau ailé. Mais où sont passés les deux autres ?

Bien qu’abimé par le temps, nous pouvons distinguer, à droite, un évêque reconnaissable à sa crosse.

 

Christ en majesté, tympan du transept nord. ©Erwan Patron

En 2013, le préfet de la Vendée a inauguré des travaux de couverture de la cathédrale. Durant la restauration, des sarcophages datant du Haut Moyen-Âge ont été découverts. William Chevillon, auteur vendéen passionné par l’histoire et le patrimoine, nous livre quelques secrets : « Une partie des vestiges romans de la cathédrale sont cachés dans les combles. En effet, quand on a la chance de se rendre au-dessus du niveau des voûtes, on observe que le sommet de certains murs est orné de modillons anciens. Lorsque le style gothique a été appliqué sur l’édifice, et que l’on a remplacé le plafond par une voûte ogivale, on a gardé quelques-uns de ces murs dont on a simplement adapté les ouvertures et sur lesquels on a chemisé une nouvelle architecture. Cela permet de mesurer la hauteur importante du sanctuaire roman déjà impressionnant. »

 

C’est le pape Jean XXII qui élèvera l’église au rang de cathédrale en 1317. Il faudra dès lors bien du courage à ce bâtiment sacré pour traverser les époques ! Saccagée à de nombreuses reprises durant les périodes de troubles, la guerre de Cent Ans et les guerres de religion, Notre-Dame-de-l’Assomption fut chaque fois restaurée, et ne cessa d’ailleurs de s’agrandir, car entre 1431 et 1523, furent construits les bâtiments de chanoines et le cloître.

 

La statue de Richelieu, évêque de Luçon, sur la place Richelieu. ©Erwan Patron

 

Son histoire est marquée par l’un des personnages historiques les plus connus de France. On le place souvent à coté de Louis XIV et Napoléon. Il s’agit de Richelieu, que l’on appelait à la Cour « Monsieur de Luçon ». Armand Jean du Plessis de Richelieu, né en 1585, est issu d’une famille d’origine poitevine et parisienne. Il n’était pas destiné à devenir évêque. Plutôt voué à la carrière militaire, il rentre finalement dans les ordres à cause de son frère qui, se faisant moine, renonce à l’évêché de Luçon. Le 18 décembre 1606, Richelieu est nommé évêque de Luçon par le roi Henri IV et il le reste jusqu’en 1624… Il va jouer un rôle important au niveau national en devenant ministre principal de Louis XIII.

 

Aujourd’hui, une statue de Richelieu se dresse sur la place du même nom, à côté de la cathédrale. À l’origine, Luçon devait acquérir une statue en marbre anciennement installée sur le pont de la Concorde à Paris, réalisée par Claude Ramey en 1828. Malheureusement, la localité de Richelieu, dans l’Indre-et-Loire, eut gain de cause sur cette affaire et acquit l’original tandis que Luçon héritait d’une copie en pierre blanche.

 

La façade de la cathédrale avec son porche principal et sa flèche du XIXe siècle. ©Erwan Patron

Créée en 2004 à l’initiative de Mgr Santier, évêque de Luçon, cette association « s’est donné pour mission de favoriser la restauration, la promotion et le rayonnement auprès du plus grand nombre de la Cathédrale Notre-Dame de l’Assomption », comme elle l’indique sur son site web (amis-cathedrale-lucon.fr).  Elle fait partie de la Fédération des Association et Sociétés des Amis de Cathédrales, présente sur toute la France.

 

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De nombreux travaux de restauration et d’embellissement ont été effectués grâce à ses signalements, parfois grâce à ses financements, lorsqu’il s’est agi d’œuvres appartenant au
diocèse. Des tableaux ont ainsi été rénovés. On compte parmi eux : le Rosaire, le Baptême du Christ, le Chemin de croix et la Mise au tombeau. D’autres restaurations sont à l’initiative des Amis de la Cathédrale, telle la statue de Saint Louis-Maris Grignon de Montfort (saint prêtre d’origine bretonne, il terminera sa vie dans le Poitou, à Saint-Laurent-sur-Sèvres). En 2017, l’association a été la maîtresse-d’œuvre d’un très bel ouvrage, Vendée : Luçon, Maillezais, Saint-Laurent-sur-Sèvre, dans la collection « La grâce d’une cathédrale » (éditions Place des Victoires). En 2019, elle a fait l’acquisition d’un portrait de Mgr de Barillon, évêque de Luçon entre 1671 et 1699. Peint au XVIIe siècle, ce tableau a été restauré et sera présenté dans le futur trésor de la cathédrale.

 

Mais ce n’est pas tout ! Les Amis de la Cathédrale organisent des concerts et de veillées de chants de Noël, le dernier dimanche avant Noël. Notre-Dame-de-l’Assomption, enfin, participe à la Nuit des cathédrales, événement mettant en valeur différentes cathédrales d’Europe à travers un programme culturel et spirituel. La prochaine Nuit aura lieu le 13 mai 2023.

 

Chaire à prêcher et orgue Cavaillé Coll ©Erwan Patron