Bien que dépourvue de portail et de clocher – le monument a été commencé en 1295, mais les travaux, interrompus en 1592, n’ont jamais été achevés –, la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin, dans le Var, est, avec 73 mètres de longueur, 43 de largeur et 29 de hauteur, le plus vaste édifice gothique de Provence.

Son histoire, qui débute à la fin du XIIIe siècle, a en réalité une origine beaucoup, beaucoup plus ancienne… Histoire ou légende ? À chacun de voir selon ses croyances. Voici en tout cas les faits tels qu’ils sont connus : un groupe de disciples de Jésus, ayant fui les persécutions, prit le large dans une barque sans voile ni rames, s’en remettant à la volonté divine, et finit par accoster aux (actuelles) Saintes-Maries-de-la-Mer. Marie-Madeleine était l’une de ces personnes. Elle avait suivi Jésus jusqu’à la mort. Témoin de la Passion et de la mise en croix, elle l’avait aussi été de la Résurrection.

 

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Marie-Madeleine entreprit d’évangéliser la Provence, accompagnée de Maximin, avant de rejoindre la grotte de la Sainte-Baume pour y vivre les trente dernières années de sa vie dans la prière, tandis que Maximin se fixait dans la ville proche qui porte aujourd’hui son nom. Sept fois par jour, Marie-Madeleine était, dit la légende, portée par des anges jusqu’en haut des falaises pour y prier…

En 1279, Charles II, comte de Provence, retrouva le tombeau de la sainte là-même où saint Maximin l’avait enseveli, dans la ville éponyme. Les évêques de la région furent invités à reconnaître le corps et les reliques de Marie-Madeleine, puis le comte décida de bâtir une basilique, aujourd’hui considérée comme le « troisième tombeau de la chrétienté » (après Jérusalem, sépulture du Christ, et Rome, sépulture de saint Pierre), afin d’y enfermer les reliques de la sainte. En 1295, sur décision du pape Boniface VIII, les frères dominicains s’établirent à Saint-Maximin et à Plan d’Aups, afin de tenir le rôle de gardiens du lieu désormais sacré. Ce fut le début d’un pèlerinage qui devait prendre de l’importance au fil des siècles, avec la participation des sommités du royaume, du très dévot Louis XI au « Roi Très Chrétien » Louis XIV, en passant par François Ier et Louis XIII… De nombreux pèlerins anonymes se rendront eux aussi dans les deux lieux voués à Marie-Madeleine, la basilique et la Sainte-Grotte (située dans la forêt de la Sainte-Baume), que relie le « chemin des roys », par ailleurs étape des Compagnons du Tour de France.

 

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Plusieurs siècles ont passé, et les saintes reliques sont toujours préservées, à l’endroit même de leur ensevelissement et de leur redécouverte. Dans la crypte de la basilique (qui serait, si elle est bien le lieu d’origine ou bâtie sur le lieu de l’oratoire de Maximin, l’un des édifices les plus anciens de toute la chrétienté en France, remontant au Ier siècle de notre ère), derrière une belle grille ouvragée, repose le grand reliquaire abritant le crâne de Marie-Madeleine. Un lambeau de chair est lui aussi présent, très précieux pour les Chrétiens, car il aurait été touché par le Christ le jour de la Résurrection. La crypte renferme également quatre sarcophages : celui de Marie-Madeleine, ceux de sainte Marcelle et des saints innocents, et celui de saint Sidoine. Les visiteurs peuvent en outre admirer le chœur et ses 94 stalles en noyer sculpté, au-dessus desquelles figurent 22 médaillons représentant les saints et saintes de l’ordre dominicain (les stalles étant des sièges de bois à dossier élevé réservés au clergé, disposés des deux côtés du chœur d’une église), le retable d’Antoine Ronzen, avec ses seize panneaux de la Passion du Christ, et les orgues, composées de 2 692 tuyaux. Plusieurs de ces éléments – les retables dans les différentes chapelles, les sarcophages, le buffet d’orgue –, sont classés aux Monuments historiques, la basilique l’étant elle-même depuis 1840.

 

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