La légende de la Reconnaissance
En pleine Guerre de Cent Ans, alors que la France des Valois s’oppose à l’Angleterre des Lancastre (qui ont succédé aux Plantagenêt), la toute jeune Jeanne d’Arc, âgée de treize ans, se voit confier une mission divine… Elle affirme que les « voix » de Saint-Michel, Sainte-Marguerite et Sainte-Catherine lui intiment l’ordre de bouter les anglais hors de France et de faire sacrer le dauphin Charles à Reims. Commence alors un long périple de 11 jours pour la jeune Lorraine et son escorte, qui la conduira jusqu’en Touraine à la rencontre du futur roi.
Alors que l’entrevue approche à la Forteresse royale de Chinon, en ce mois de février 1429, le dauphin décide de placer un imposteur sur le trône pour mettre à l’épreuve la jeune guerrière. Poussée par son inspiration divine, Jeanne d’Arc fend alors la foule et se dirige vers le dauphin caché parmi ses partisans. De cet entretien capital pour l’avenir du royaume de France, l’Histoire retiendra une scène mythique et miraculeuse, peaufinée au fil du temps et largement diffusée au XIXe siècle : la légende de la Reconnaissance. Mais la réalité de cette rencontre est loin du caractère quasi « surnaturel » qu’on a bien voulu lui donner…
L’audience du signe
Deux audiences ont en réalité eu lieu à Chinon avant que le Dauphin ne décide de faire de Jeanne d’Arc le porte-étendard de son armée. La première a vraisemblablement lieu en petit comité dans la chambre privée du futur roi, alors méfiant face au nombre accru de devineresses qui demandent audience pour des prédictions. Charles décide alors d’emmener Jeanne d’Arc à Poitiers pour lui faire subir un examen de conscience auprès de docteurs en théologie. « L’enquête de Poitiers », qui consiste tant à juger de sa bonne foi qu’à vérifier la véracité de sa virginité, durera près d’un mois, avant que les conseillers du futur roi n’approuvent le caractère divin de la jeune Jeanne.
De retour à la Forteresse royale de Chinon, c’est lors d’une deuxième entrevue, publique cette fois-ci, dans la grande salle seigneuriale, que Charles présentera officiellement Jeanne d’Arc à la cour. Pour donner au futur roi une preuve matérielle de la nature divine de sa mission, la jeune guerrière lui offre une couronne en or apportée par un ange. Bien que très officielle, cette mise en scène politique appelée « l’audience du signe », fut mise de côté par les chroniqueurs de la fin du Moyen-Âge, au bénéfice de la légende de la Reconnaissance, qui a survécu à son héroïne pendant près de six siècles. Une vérité historique que la Forteresse royale de Chinon a à cœur de rétablir en proposant plusieurs parcours de visite.
Jeanne de retour à Chinon !
Faire le tri entre mythe et réalité et livrer une expérience immersive au cœur du Moyen-âge, c’est l’ambition de la Forteresse royale de Chinon. Grâce aux « HistoPad » 3D, un support de visite sur tablette à 360°, neuf salles, transformées ou disparues, sont ainsi reconstituées virtuellement dans leur état d’origine. On y retrouve notamment la seconde audience dite du « signe », dans la salle de la Reconnaissance, aujourd’hui disparue. Du côté de la chambre du roi, c’est dans une mise en scène bien réelle que les visiteurs sont plongés grâce au mobilier d’époque reconstitué dans les conditions de la première audience.
Un décor qui accueille régulièrement des tournages historiques comme le docu-fiction « Jeanne : Femme, Guerrière, Sainte », produit par Pernel Média, diffusé le mercredi 8 mars sur Planète + et accessible ensuite, sur la plateforme My Canal. Et si Jeanne d’Arc est très largement évoquée dans la plupart des animations proposées par le site, elle est également la star de visites guidées spécifiques pour les groupes et les scolaires. L’occasion pour tous les visiteurs, petits et grands, de démêler le vrai du faux et de renouer avec l’un des épisodes clés de l’histoire de France.