Nous voici dans l’Yonne, au nord-est d’Auxerre, du côté de Vergigny, Chéu, Ligny-le-Châtel… L’abbaye de Pontigny, ancien monastère cistercien fondé en 1114, est toute proche. L’église abbatiale, avec 4 000 m2 au sol, est le plus grand édifice cistercien parvenu jusqu’à nous. Les curieux l’auront bien sûr inscrite à leur programme avant de s’offrir une virée verte dans la forêt domaniale, dont la proximité n’est évidemment pas pour rien dans la fondation de l’abbaye. Une forêt qui, selon les spécialistes, à commencer par ses gestionnaires de l’Office national des Forêts (ONF), rappelle, par son peuplement de chênes (sessile et pédonculé) et de pins (sylvestre, laricio de Corse, maritime, douglas), sa cousine de Fontainebleau. On y croise aussi des hêtres, des charmes, des châtaigniers, bouleaux, merisiers…
Particularité géographique
Propriété de l’État depuis la Révolution, la forêt domaniale de Pontigny se présente comme un massif d’un seul bloc, couvrant 950 ha, assis sur la colline qui sépare la vallée du Serein, au sud, de la vallée de l’Armançon, au nord. Située en limite des zones continentale et atlantique, elle possède une flore représentative de ces deux influences. Cette spécificité, ajoutée à des sols faisant état d’une grande variété et à une gestion respectueuse de la biodiversité, et cela depuis le début, lui valent son classement en Zone d’Intérêt écologique, floristique et faunistique (ZIEFF). Elle recèle notamment des zones humides – marais, mares forestières, suintement des pentes – remarquables par leur biotope. De même, les vieux arbres attirent les insectes saproxyliques (qui se nourrissent d’arbres morts), dont se repaissent les chauves-souris et les oiseaux.
Tout sur le chêne…
Deux sentiers pédagogiques ont été créés par la Région, l’ONF et la commune de Pontigny, afin de permettre au plus grand nombre de découvrir les richesses naturelles de cette forêt et ce qui se cache derrière le terme de « gestion » lorsqu’il est appliqué à ce genre d’espace. Chacun d’eux est baptisé du nom d’une espèce-phare.
« Le sentier du chêne » est rythmé par sept bornes qui chacune décrivent, exemples à l’appui sous nos yeux, des étapes du développement du chêne, ou certaines des particularités de cet hôte vénérable : une jeune génération récemment plantée ; les anciens, qui laisseront bientôt place à de plus jeunes ; le gaulis justement, un groupe de jeunes arbres de 5 cm de diamètre seulement ; le perchis, peuplé de « perches » de 10 à 20 cm de diamètre ; une futaie où l’on peut voir, sur les arbres, le lierre dont les fleurs et les fruits alimentent les insectes et les oiseaux, et dont les feuilles, riches en nitrates, font du bien à l’arbre qui les porte ; une fosse, où l’on peut toucher un échantillon du sol ; puis le retour au point de départ, après 2 km de balade.
… et le pin sylvestre
« Le sentier du pin sylvestre », de même longueur, propose lui aussi plusieurs étapes : la première montre deux états de peuplement, l’un naturel, sans intervention, l’autre éclairci pour améliorer le développement de la forêt ; la deuxième se situe à l’emplacement d’une ancienne pépinière forestière, qui avait été créée en 1869 pour le reboisement ; nous parvenons ensuite au perchis, avec les « perches », comme pour les chênes ; puis c’est un arrêt pour toucher le sol, particulièrement sableux (il retient moins l’eau, ce qui explique la présence des pins à cet endroit) ; la cinquième étape laisse découvrir une bauge, creusée par les sangliers ; la dernière étape nous montre un pin sylvestre adulte.
De quoi allier en beauté pratique sportive (qui nécessite donc de bonnes chaussures de marche, des gourdes d’eau et des vêtements bien fermés aux jambes et aux bras, contre les tiques !) et découverte du milieu.