Le calvados emblématique peut également devenir noble ingrédient de diverses boissons (pommeau et autres apéritifs, cocktails, grog normand, liqueurs comme la crème de calvados ou le 44…) et s’utiliser en cuisine pour flamber un mets, parfumer une recette (poisson, viande, tarte normande, pâte à crêpes…).
Oui, il s’appelle calvados (du nom du département) et s’abrège parfois en calva, mais se produit aussi dans d’autres départements de Normandie. Ce nom semble s’être répandu dans la seconde moitié du XIXe siècle alors que la distillation du cidre, elle, existe depuis bien plus longtemps, remonte peut-être même au Moyen-Âge. Au XVIe siècle, le seigneur du Cotentin Gilles de Gouberville évoquait déjà une telle fabrication dans les pages de son Journal.
Si d’un premier coup de baguette presque magique les pommes deviennent cidre, c’est d’un deuxième coup de baguette que le cidre devient calvados… Car il faut beaucoup de temps, d’art et de savoir-faire pour élaborer cette merveilleuse eau-de-vie de caractère. Distillation en alambics (ou « bouillottes » ou « bouilleuses » des bouilleurs de cru), lent vieillissement en fûts le plus souvent de chêne dans les caves, art des assemblages par le maître de chai, alchimie de la transformation et part des anges. Transparences dorées plus ou moins ambrées, corps, force et finesse. Avec sa multitude d’arômes (floraux, fruités, boisés…) s’enrichissant au fil du temps et ses âges variés, ce précieux et généreux spiritueux exprime la pomme avec excellence.
Jeunes assemblages et cuvées millésimées, gamme traditionnelle et calvados d’exception, parfois de « vieille réserve » voire « hors d’âge », également avec AOC (« calvados », « calvados pays d’Auge » avec pommes et « calvados domfrontais » avec pommes et poires). La prestigieuse boisson normande se consomme bien sûr également avec modération, comme le rappelle la devise de la confrérie du Grand Ordre du Trou Normand, des Calvados, Cidres et Pommeaux (« Bois peu mais bon »). Et, si le contenu du verre est parfois avalé d’un trait (« cul-sec ») comme on aime à le revoir dans le film La Cuisine au beurre, il est bon d’observer, d’admirer, de humer, de goûter, de déguster le calvados. Car, finalement, celui-ci ne se boit pas, n’est- ce pas ? Il se déguste, vraiment.
Partez donc à votre tour sur les terres normandes en quête de l’élixir. Châteaux, domaines ou fermes familiales avec vente directe… Rendez-vous chez les producteurs, visitez une distillerie artisanale, découvrez de brillants alambics traditionnels en cuivre, caves ou chais de vieillissement, fûts plus que centenaires. Dégustez des calvados, découvrez de grandes références et divers produits élaborés à base de calvados que vous retrouverez dans les boutiques et sur les marchés locaux. Chocolats, caramels et autres confiseries, pâtisseries aussi. Certains passionnés ont peut-être même déjà réfléchi à de futures vacances : quelques jours de « spiritourisme » en Normandie !
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