Voilà pour l’anecdote. Il y en a d’autres : depuis des lustres, la localité des Alpes-Maritimes attire à elle les peintres, les écrivains, les acteurs, au point qu’on l’a surnommée à une époque « la Saint-Germain-des-Prés de la Côte d’Azur » ! Quelques noms viennent à l’esprit, et non des moindres, de Modigliani à Matisse, de Prévert (qui fit venir ici André Cayatte et Henri-Georges Clouzot) à Montand (et Simone Signoret), de Lino Ventura à Bernard Blier, en passant par Aldo Maccione, Mylène Farmer, James Baldwin et Donald Pleasance. Sans oublier Marc Chagall, bien sûr, qui y a passé les dix-neuf dernières années de sa vie et y a peint d’innombrables tableaux, inspirés par l’ambiance de Saint-Paul-de-Vence et de ses proches environs. Nombreux sont ses admirateurs à avoir cédé aux charmes de ce village abrité derrière ses remparts. C’est à l’ombre de ceux-ci, d’ailleurs, que démarre une balade ponctuée de panneaux didactiques qui, au plaisir de flâner simplement à allure tranquille entre ruelles et fontaines, ajoute celui de se cultiver en découvrant l’histoire de Saint-Paul (de Vence !).
Franchir les remparts
Le terrain de jeu de boules, près de l’enceinte (côté nord), ouvre la promenade. Même en tendant bien l’oreille, on ne les entend plus, mais on les imagine facilement, casquette vissée sur la tête et cigarette au bec, s’encourager ou s’invectiver joyeusement, les célèbres boulistes prénommés Yves et Lino, grands amateurs d’interminables parties de pétanque à l’ombre des platanes centenaires (et donc témoins privilégiés de ces moments magiques. Ah, s’ils pouvaient parler !). Au Café de la Place se rafraîchissaient naguère Chagall, Matisse, Picasso ou Braque.
Pour entrer vraiment dans la ville, il faut franchir la porte de Vence (XVIe siècle), puis longer les remparts élevés sous François Ier. C’est que Saint-Paul (de Vence) était à l’époque une place frontalière (entre la Provence et le comté de Nice) qu’il s’agissait de fortifier. La tour à machicoulis prouve qu’elle avait déjà vocation à être puissamment défendue au XIVe siècle… Jusqu’à la porte de Nice, le panorama se dégage sur un paysage méditerranéen à souhait, fait de vignes, d’oliviers… et de Méditerranée.
Onze lieux inscrits aux Monuments historiques
Dans le cimetière reposent Marc Chagall et son épouse. Le cimetière est l’un des onze lieux saint-paulois inscrits ou classés aux Monuments historiques. Parmi les autres, citons l’enceinte, bien sûr, quelques chapelles, la collégiale, les tours médiévales, le donjon, le pontis, qui passe au-dessus de la rue Grande. La rue Grande, justement, c’est elle que l’on emprunte après avoir repassé la porte de Nice. Le long de cette voie se succèdent des maisons élégantes, des hôtels particuliers, des ateliers d’artistes, des galeries de peinture, et des boutiques de produits régionaux très prisées des touristes.
Jusqu’au point culminant
Dans ce décor des plus pittoresques – comment s’étonner que tant de peintres y aient trouvé l’inspiration, et surtout la lumière ? – les fontaines sont autant de haltes rafraîchissantes, notamment celle qui est située sur l’ancienne place du Marché (où celui-ci se tenait au XVIIe siècle). Dans le lavoir, les lavandières battaient leur linge autrefois (un autre lavoir se laissera admirer en début de balade : celui près du jeu de boules, attenant à la Colombe d’Or). Autres petits trésors du patrimoine à ne pas manquer : les cadrans solaires, sur les façades des maisons… Au numéro 2 de la Montée de la Castre, s’élève la maison de Simone Signoret, où l’actrice vécut avec Yves Montand au début de leur histoire commune. Quel cadre pour une romance ! La place de l’Église, peu après, est le sommet de la balade ; nous sommes au point culminant du village. Tout autour, se dressent d’autres beaux monuments saint-paulois : l’ancien donjon du château, l’église de la Concession Saint-Paul, la chapelle des Pénitents blancs…
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