On reconnaît bien l’âne du Cotentin avec sa croix dite de Saint-André, une raie plus foncée comme l’ont l’âne normand et celui de Provence, et le gris blanc de son ventre qui s’harmonise avec le contour de ses yeux.

« Écoutez cette histoire que l’on m’a racontée… » Hugues Aufray aurait pu chanter ce bel âne gris de la Manche en plus de celui de Provence. Un âne à la robe grise, d’un gris clair, peut-être gris cendré, gris tourterelle ou gris bleuté (ne pas confondre l’âne du Cotentin avec l’âne normand, à la robe baie ou bai brun). Un « petit âne gris » plutôt de taille moyenne, mesurant de 1,15 m à 1,35 m au garrot, également un peu plus grand que le Normand.

On reconnaît bien l’âne du Cotentin avec sa croix dite de Saint-André, une raie plus foncée comme l’ont l’âne normand et celui de Provence, et le gris blanc de son ventre qui s’harmonise avec le contour de ses yeux. La tradition dit même qu’il aurait porté Marie puis Jésus sur son dos.

L’histoire de l’âne de Cotentin

Cet équidé aux longues oreilles dont l’élevage est présent un peu partout en Normandie, voire dans d’autres régions de France, est originaire de l’Ouest, de la Normandie (même si ce n’est pas l’âne normand !), de l’ancienne Basse-Normandie, de la Manche en particulier et d’abord du nord du Cotentin. On l’y fait remonter au XVIe siècle ou même au Moyen Âge et ce sont principalement les foires de Lessay et de Gavray qui l’ont « popularisé » et « exporté ».

Les ânes du Cotentin ou Cotentinois étaient encore très nombreux dans la première moitié du XXe siècle sur ces terres d’élevage laitier : participant comme animaux de bât aux « petits » travaux de la ferme, retrouvant bien leur chemin, ils transportaient les cannes et les bidons de lait (comme nous le voyons encore parfois sur les cartes postales régionales) ou bien aidaient le meunier. Il leur arrivait aussi de porter le pain du boulanger par temps enneigé et de conduire avec un attelage le médecin de campagne. Mais le remplacement progressif par le cheval pour la traction, la modernisation agricole, la « mode » de l’âne de compagnie ainsi que le développement de la vente en ligne ont peu à peu fait décliner la race.

 

 

C’est finalement au milieu des années 90 (après un concours régional d’ânes organisé lors de la fête Saint-Clair du 11 juillet 1995 à Banneville-sur-Ajon) qu’est née une association de réhabilitation des ânes du Cotentin, future Association de l’Âne du Cotentin promouvant la race et rassemblant éleveurs, utilisateurs et amateurs. Une race asine qui n’a été officiellement reconnue (comme l’âne normand) qu’en 1997 ! L’animal doit être inscrit au registre généalogique ou « stud-book » de l’Âne du Cotentin pour être ainsi désigné.

 

Un animal apprécié

Aujourd’hui, cet âne du Cotentin est mis à l’honneur dans les salons et les concours agricoles ou lors de fêtes folkloriques, et il est devenu un partenaire de loisirs : fidèle compagnon, doux et obéissant, intelligent et assez méfiant, courageux et affectueux, il est très apprécié des enfants (Mais n’oublions pas, que, pris comme simple animal de compagnie, il a lui aussi besoin d’un animal ami !).

L’âne participe au tourisme vert en particulier, pour la promenade en attelage ou parfois sellé ou davantage encore pour la randonnée pédestre avec bât. Mais l’âne ne doit pas être juste « tondeuse à gazon » ou « moyen de balade »… Certaines personnes évoquent son retour dans les champs aux côtés des maraîchers bio et de gens qui pratiquent la permaculture, son possible rôle dans le nettoyage des plages ainsi que l’utilisation du précieux lait des ânesses du Cotentin dans l’élaboration de produits cosmétiques au sein d’asineries, comme celles qui se situent dans le Parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin, ou dans la baie du Mont Saint-Michel.

Les éleveurs vivent d’abord dans la Manche, aussi dans l’Orne et dans le Calvados, en Ille-et-Vilaine, dans la Sarthe, dans la Somme même, dans l’Oise et dans le Val-de-Marne, en Côte-d’Or, dans le Jura, etc. et leurs animaux aux longues oreilles s’appellent Bill, Cabotine, Clochette de Claids, Dune, Étoile, Fantine, Friscotte, Gribouille, Hubert, Félicie, Kloé, Ondin, Thaïs de la Saire, Ulysse, Ursule… En 2020, le prénom devait commencer par la lettre K.

 

 

Asinerie ou ânerie ?

Au sein d’« asineries », ai-je écrit quelques lignes plus haut ? Oui, plutôt qu’une ânerie : c’est ainsi que l’on nomme une ferme d’élevage d’ânes. Le mot vient du latin asinus (Equus asinus) qui désigne l’âne, et il n’est pas si complexe qu’il en a l’air : la lettre s du nom latin a laissé comme très souvent une trace avec le fameux accent circonflexe ! D’où asinerie, asinothérapie (soins apportés à des personnes en difficulté avec l’aide d’un âne) et quelques toponymes ayant également conservé la lettre s comme Asnières-en- Bessin et Asnelles dans le département du Calvados qui confirment la présence très ancienne de ces équidés.

Il est en tout cas certain qu’il faut sauver cette race patrimoniale qu’est l’âne du Cotentin (de même que notre âne normand peut-être encore plus menacé de disparition). Sans doute aussi en sensibilisant davantage les plus jeunes générations…

Partez donc à sa rencontre chez des particuliers, dans les asineries, au Haras de Saint-Lô ou même au Salon de l’agriculture de Paris. On le trouve également à l’écomusée de la Bintinais (en Ille-et-Vilaine) et bien sûr à la ferme-musée du Cotentin (à Sainte-Mère- Église) !