Le parc de Blossac se situe sur une ancienne nécropole gallo-romaine qui a laissé place, au Moyen-Âge, à un arsenal défensif dont subsistent encore aujourd’hui un chemin de ronde du XIIe siècle et des tours de guet. La plus grande, la Tour à l’Oiseau, portait selon la légende une cible en forme d’oiseau pour l’entraînement des archers. En 1753, Paul-Esprit-Marie de la Bourdonnaye, comte de Blossac et intendant du Poitou, y installe une pépinière de mûriers et décide de créer un jardin à la française. Il en confie le tracé au sieur Bonichon, ingénieur du corps des Ponts et Chaussés à la cour de France.
Achevé en 1770, ce jardin adopte le style Louis XIV en s’inspirant des grands jardiniers comme Le Nôtre. Renforcées par la taille en rideau des tilleuls de Hollande, les perspectives créées par l’ingénieur jardinier s’opposent à la forme asymétrique et trapézoïdale du parc. Organisé autour de deux grands axes perpendiculaires, la Grande Allée et l’Allée du Vase, le site offre de nombreux points de vue sur la ville et la vallée du Clain.
L’aménagement du parc
Très apprécié des Poitevins qui l’enrichissent au fil du temps de nouvelles essences, le parc de Blossac devient dès le XVIIIe siècle, un lieu de rassemblement et de fête. À la Révolution, le premier arbre de la liberté est planté dans le jardin, bientôt agrémenté de bassins à jets d’eau, d’un kiosque à musique et même d’un labyrinthe aménagé au « Grand Pré » au cours du XIXe siècle pour y accueillir les festivités poitevines. En 1860, les marbres d’Antoine Etex, « la douleur maternelle » et « le bonheur maternel », prennent place de chaque côté de la grille d’entrée en fer forgé, ornée des armoiries du comte de Blossac.
À l’occasion d’une foire-exposition en 1905, le parc s’étoffe avec la création d’un jardin anglais, aménagé sur près de 1,5 ha. L’eau devient alors l’élément principal de ce jardin, composé d’une rivière artificielle qui abreuve des fontaines et des grottes. Aux arbres existants, on ajoute de nouvelles essences qui offrent au parc un nouveau visage. Des statues en bronze et des bancs en fer forgé complètent l’aménagement de ce jardin anglais, qui contraste avec les allées rectilignes du jardin à la française. En 1930, sont installées deux œuvres du sculpteur Raymond Sudre : l’une en l’honneur de Léon Perrault, célèbre peintre poitevin, l’autre en hommage au créateur du parc, le comte de Blossac.
Le parc de Blossac au XXIe siècle
Depuis les années 2000, de nouveaux aménagements sont venus agrémenter le parc. Les soubassements des remparts, reconvertis en jardin de rocaille en 1960, sont complétés par un jardin méditerranéen où se mêlent harmonieusement la roche et les plantes grasses. Le « Grand Pré », devenu une gare routière dans les années 60, laisse place à une vaste prairie et à un théâtre de verdure, avec des gradins circulaires recouverts de gazon, qui accueillent chaque année de grands concerts et le feu d’artifice du 14 juillet.
Le jardin d’ombre et de lumière vient compléter l’agencement contemporain du parc. D’un côté, une pergola plantée de couleurs sombres. De l’autre, un jardin de feuillages claires et brillants. Enfin, le parc de Blossac accueille également de petits pensionnaires qui font la joie des enfants : des chèvres naines du Sénégal, des aras et des perruches, un couple de coatis, de nombreux canards ainsi que des poissons exotiques.
Aujourd’hui, le parc de Blossac est devenu le symbole de toute une ville. Cette cathédrale de verdure, plantée de 1260 arbres et de milliers de variétés de plantes, continue de faire battre le cœur des poitevins, attachés à ce haut-lieu de vie sociale.