Depuis la fin du XIXe siècle, Pont-Aven séduit les artistes. Ainsi, on surnomme, volontiers, celle qui vit naître la célèbre école de Pont-Aven, la cité des peintres. Aujourd’hui, encore, les visiteurs peuvent marcher dans les pas des artistes qui ont fait la réputation de cette localité du Finistère.

La cité des peintres

La cité finistérienne de Pont-Aven (Aven est le nom du fleuve côtier qui la traverse) n’attire pas que les amateurs gourmets de galettes au beurre ou les passionnés de chansons de Théodore Botrel…

Blottie au fond de l’estuaire, elle séduit aussi et d’abord visiteurs et artistes depuis la fin du XIXe siècle par la beauté de son site entre mer et campagne et la richesse de toutes ses couleurs. C’est même dès les années 1860 que s’y rend Jean-Baptiste Camille Corot. Ou le peintre américain Henry Bacon qui découvre l’endroit par hasard et amène par l’éloge qu’il en fait une première colonie d’artistes de différentes nationalités.

 

Une vingtaine d’années plus tard, Pont-Aven devient comme un nouveau Barbizon avec la venue d’une deuxième vague de peintres. Paul Gauguin (1848-1903) en fait partie, séjournant à plusieurs reprises sur les lieux. Puis Émile Bernard, Paul Sérusier (Le Talisman, l’Aven au Bois d’Amour, 1888, à l’origine du mouvement des nabis), Maurice Denis aussi, Charles Filiger, Meijer de Haan, Maxime Maufra…

C’est ici que naît la fameuse École de Pont-Aven, avec Paul Gauguin et de nombreux « synthétistes » qui se mêlent quotidiennement aux… Pontavenistes ! D’autres artistes se rendront également à Pont-Aven durant la Belle-Époque et lors de l’Entre-deux-guerres. Et la tradition se poursuit aujourd’hui, puisque le centre est animé non seulement de boutiques, mais aussi d’une grande quantité de galeries d’artistes.

 

Une vallée pittoresque

Le climat tempéré de la vallée invite à poser son chevalet en plein air et les pittoresques paysages d’arbres, de verts rochers, de passerelles et de moulins à eau, de chapelles et de costumes locaux – Bretonnes dans la prairie verte ou Le Pardon, d’Émile Bernard (1888), Bretonnes causant ou La Danse des quatre Bretonnes (1886), La Vision après le sermon (1888), La Ronde des petites Bretonnes (1888) ou le pastel sur papier de Deux têtes de bretonnes (1894), de Paul Gauguin… – ont très tôt et justement inspiré les peintres et donné tout son sens à cet adjectif, pittoresque (italien pittoresco, de pittore, « peintre », également d’origine latine), qui qualifie les différents lieux typiques et bucoliques de la cité méritant étymologiquement d’être peints : ruelles et promenades, berges fleuries, lavoirs, jardins, petit port aussi (Vue du port de Pont-Aven, de Maxime Maufra, vers 1893-94)…

Dans les pas des artistes

Visitez bien sûr l’incontournable musée d’art de Pont-Aven, de conception moderne. Certes, il n’expose pas d’œuvres souvent considérées comme « majeures » de Paul Gauguin, mais possède nombre de tableaux et d’œuvres graphiques de peintres venus à Pont-Aven ou dans la région. Si Le Moulin David, de Paul Gauguin (1894), se trouve au musée d’Orsay de Paris, celui de Fernand Dauchot ou Daucho (1943) est au musée de Pont-Aven… Le niveau 3 a son cabinet Gauguin et la précieuse « suite Volpini » de l’artiste (1889) est désormais au complet depuis la récente acquisition de l’estampe Bretonnes à la barrière.

Allez ensuite sur les pas des différents artistes de l’École de Pont-Aven à travers la cité : la Pension Gloanec, aujourd’hui maison de presse-librairie (avec sa plaque commémorative), l’Hôtel Gloanec, devenu l’hôtel-restaurant des Ajoncs d’Or, l’ancien Hôtel de Julia Guillou… Sont également proposés des parcours jalonnés de plaques explicatives (avec reproductions de peintures et commentaires).

 

Musée des Beaux Arts de Pont-Aven

 

Rendez-vous enfin vers le nord au Bois d’Amour qui surplombe l’Aven et jusqu’à la chapelle Notre-Dame de Trémalo dont le Christ en bois polychrome a servi de modèle au Christ jaune, de Gauguin (1889). Un peu plus loin, c’est le beau calvaire de l’église de Nizon avec sa pietà qui a inspiré le peintre pour son Christ vert (1889) conservé en Belgique (Bruxelles). Plus loin encore, et à l’opposé, partez vers Le Pouldu et sa maison-musée (à Clohars-Carnoët) qui reconstitue la Buvette de la plage où aimaient se retirer Gauguin et ses amis (avec la salle à manger décorée de peintures). Plusieurs tableaux ont été élaborés en ces lieux plus sauvages, notamment Le joueur de flageolet sur la falaise, de Paul Gauguin (1889) – qui, lui, se trouve aux États-Unis – et Paysage rocheux, Le Pouldu, de Charles Filiger (vers 1891), que vous pourrez voir au musée de Pont-Aven.